Garbo, déjà « Divine » à l’ère du muet

Greta Garbo et John Gilbert dans La Chair et le Diable (Warner).  - Credit:Warner
Greta Garbo et John Gilbert dans La Chair et le Diable (Warner). - Credit:Warner

Un jour, longtemps après avoir arrêté le cinéma, Greta Garbo se rend chez le réalisateur Billy Wilder – scénariste de son célèbre Ninotchka (Ernst Lubitsch, 1939) – pour boire un Martini. « Elle en avale un d'un coup, et puis un autre et puis un autre. Ces Suédois boivent du Martini comme de la bière, raconte Billy Wilder (dans un livre d'entretiens avec Cameron Crowe). On commence à parler cinéma et elle me dit : “J'aimerais faire un film sur un clown.” » À l'idée que « la Divine » souhaite revenir à l'écran, Wilder sent l'excitation l'envahir. Pourrait-il tenir, là, son nouveau projet ? Mais voici que Garbo détaille à haute voix le film dont elle rêve : « Je suis un clown, je porte un masque… Je n'enlèverai jamais le masque. Je serai un clown tout au long du film. Un clown qui sourit tout le temps… » L'enthousiasme de Wilder décline au fil de la description. Garbo insiste : ce rôle est fait pour elle – « Je suis un clown dans la vie », jure-t-elle.

Effet de la boisson ou aveu sincère, cette confidence a de quoi surprendre. Loin de faire rire, Garbo fut avant tout une tragédienne, sans doute la plus grande de son temps, en particulier dans ses films muets, dont la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, dans le 13e arrondissement, à Paris, propose jusqu'au 21 février une somptueuse rétrospective. Cette dizaine de films correspond à la première moitié de la brève carrière de l'actrice, de ses débuts en Suède à Anna Christie, son premier film parlant. Signés des plu [...] Lire la suite