Gabriel Zucman, économiste français, reçoit la médaille John-Bates-Clark

L’économiste français Gabriel Zucman, vient de recevoir la Médaille John-Bates-Clark, prix décerné chaque année à un économiste de moins de quarante ans « qui a apporté une contribution significative à la pensée et à la connaissance économique ».
L’économiste français Gabriel Zucman, vient de recevoir la Médaille John-Bates-Clark, prix décerné chaque année à un économiste de moins de quarante ans « qui a apporté une contribution significative à la pensée et à la connaissance économique ».

ÉCONOMIE - Une médaille tricolore… en économie. Ce mardi 2 mai, l’économiste français Gabriel Zucman a été récompensé par l’American Economic Association (AEA) pour son travail et son expertise en matière d’évasion fiscale, de taxation des hauts revenus et d’inégalités sociales.

Ce prix décerné chaque année à un économiste de moins de 40 ans « qui a apporté une contribution significative à la pensée et à la connaissance économique » a donc été attribué à ce Français de 36 ans, maître de conférences à l’université de Californie à Berkeley, depuis 2019.

Selon l’AEA, « Gabriel Zucman a apporté des contributions fondamentales au domaine de l’économie publique » en étant « l’un des plus grands experts mondiaux en matière d’évasion fiscale, tant au niveau des ménages qu’au niveau des entreprises, et un contributeur majeur à la littérature sur la mesure et l’explication de la montée des inégalités économiques ».

« Les recherches de Zucman fournissent certaines des meilleures preuves de l’importance de l’évasion fiscale, poussant la profession économique à comprendre que ce phénomène est plus important qu’on ne le pensait auparavant », écrit encore l’AEA dans son annonce de la médaille Clark 2023.

« Merci à l’AEA pour cet honneur incroyable », a réagi Gabriel Zucman sur Twitter, « je suis infiniment reconnaissant aux nombreux co-auteurs, mentors, collègues et étudiants qui m’ont tellement appris et ont permis que ces recherches soient possibles ».

L’économiste français rejoint ainsi une liste prestigieuse de confrères récompensés, tels que Joseph Stiglitz ou Paul Krugman. Remise par la plus ancienne et l’une des plus prestigieuses organisations américaine sur l’économie, la médaille John-Bates-Clark n’a été attribuée que deux fois à des Français, en 2009 et 2010. Il s’agissait respectivement d’Emmanuel Saez et Esther Duflo.

Pour un impôt sur la fortune des « ultra-riches »

Docteur en économie, Gabriel Zucman a mené la totalité de ses études en France, à l’Ecole normale supérieure, la Paris School of Economics puis à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Sa thèse portait sur la répartition des fortunes dans le monde et a été réalisée sous la direction de Thomas Piketty.

Lors d’une récente interview accordée à Mediapart, Gabriel Zucman avait estimé que la contestation contre la réforme des retraites en France mettait également en lumière « une très forte demande de justice fiscale », jugeant que « notre système fiscal actuel (présentait) de graves injustices », avec des taux d’imposition réels moins importants pour les Français les plus riches.

En France, son expertise a été plusieurs fois mise à contribution. Comme le 22 mars dernier, où Gabriel Zucman a été entendu à l’Assemblée nationale par la Commission des Finances dans le cadre de la mission gestion des finances publiques.

Par ailleurs, plus de 130 eurodéputés ont signé en mars une pétition en faveur de la création d’un impôt sur la fortune des « ultra-riches » à l’échelle internationale afin de participer à « la transition écologique et sociale ».

Cette campagne, à l’initiative de Gabriel Zucman et de l’eurodéputée Aurore Lalucq (groupe Socialistes et démocrates, gauche) a d’ailleurs fait l’objet d’une tribune publiée dans Le Monde, où les deux auteurs prônaient une taxation des grandes fortunes après avoir réussi à le faire pour les multinationales. Pour appuyer leurs propos, Aurore Lalucq et Gabriel Zucman citaient l’exemple de l’impôt minimum de 15 % sur les bénéfices des multinationales, auquel près de 140 pays ont adhéré « quand tout le monde répétait que c’était impossible ».

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