Gabriel Matzneff: l'avocate de sa nouvelle accusatrice explique pourquoi elle sort du silence

"Elle est prête à se confronter à M.Matzneff". Invitée sur le plateau de BFMTV ce jeudi 23 novembre, Me Marie Grimaud, l'avocate de la nouvelle femme qui accuse l'écrivain de viols et d'agressions, est revenue sur les faits. L'accusatrice, aujourd'hui âgée d’une cinquantaine d’années, est la fille adoptive d’un ami intime de Gabriel Matzneff.

Elle dit avoir été victime d’agressions sexuelles et de viols de la part de l'écrivain de ses 4 à ses 13 ans, ont révélé nos confrères de RMC ce mercredi. Selon elle, les faits se sont déroulés entre 1977 et 1987.

"Une confession"

S'ils sont aujourd'hui prescrits, ils "doivent être pris en compte", estime son avocate. "La prescription a été vraisemblablement acquise il y a très peu de temps, on est dans un mouchoir de poche", explique-t-elle.

Elle affirme que la plupart des faits se sont déroulés au domicile de ses parents adoptifs, où l'écrivain était souvent invité à dîner: "M.Matzneff, c'est celui qui est là le midi, qui est là le soir, c'est quasiment un oncle", raconte l'avocate.

"Le détonateur pour notre cliente a été la sortie du film Le Consentement, adapté du livre de Vanessa Springora", explique Me Marie Grimaud. Néanmoins, pour l'avocate, le "film ne montre pas ce qu'il y a de plus grave, de plus obscur chez M.Matzneff (...) des actes sur un enfant de 4 ans, un enfant de 8 ans", estime-t-elle.

Mais avant ça, c'est une conversation avec son père adoptif, dans les derniers mois de sa vie, en 2020, qui l'ont décidé à agir. À cette époque, l'accusatrice prête à son père le livre “La familia Grande”, dans lequel Camille Kouchner dénonce les agressions sexuelles de son beau-père, Olivier Duhamel, sur son frère.

"Elle va engager un dialogue avec lui, qu'elle va enregistrer et que j'estime être une confession", explique Me Marie Grimaud, qui évoque "une confession sur une époque, sur Matzneff, sur d'autres personnalités qui partageaient ce goût des enfants".

"Dans ces enregistrements, vous avez le détail de ce qu'il faut faire pour amener un enfant à subir ces agressions sexuelles et ces viols, comment maintenir un enfant dans cette situation et comment faire en sorte que cet enfant ne parle pas", complète l'avocate.

"Une autorisation à parler"

Ses deux parents adoptifs étant désormais décédés, l'accusatrice a changé de nom: "Depuis qu'elle ne porte plus le nom de son père adoptif, ça a été comme une autorisation, une autorisation à parler publiquement parce qu'elle était soumise au silence", explique Me Grimaud.

Mais si elle prend la parole aujourd'hui, c'est aussi parce qu'en plus des faits qu'elle dénonce, elle affirme avoir "été témoin d'agressions sexuelles sur d'autres enfants", poursuit son avocate.

"Nous estimons qu'il serait possible que d'autres enfants se révèlent et c'est aussi un appel à témoignage qui se fait à travers sa prise de parole, qu'on n’ait pas de prescription sur ces enfants-là", déclare Me Grimaud.

Ses deux avocats ont envoyé le 10 octobre dernier un courrier au parquet de Paris, en charge de l’enquête préliminaire pour viol qui vise l’écrivain. L’accusatrice souhaite d’abord être auditionnée au parquet avant de déposer plainte.

"Le parquet doit prendre la mesure de l'urgence d'auditionner notre cliente, d'autant qu'elle est prête à se confronter à M.Matzneff", affirme Me Marie Grimaud.

Contacté par RMC, l’un des avocats de Gabriel Matzneff, Me Emmanuel Pierrat, n’a pas souhaité réagir aux accusations de cette femme et rappelle que son client “n’a jamais été placé en garde à vue ni mis en examen” dans l’enquête toujours en cours.

Article original publié sur BFMTV.com