Gabriel Attal Premier ministre : LR attend des « actes », la gauche raille un « retour au porte-parolat »

Gabriel Attal, le 4 mai 2022 devant l’Élysée. Ce mardi 9 janvier 2024, il est devenu le quatrième Premier ministre d’Emmanuel Macron.
BERTRAND GUAY / AFP Gabriel Attal, le 4 mai 2022 devant l’Élysée. Ce mardi 9 janvier 2024, il est devenu le quatrième Premier ministre d’Emmanuel Macron.

POLITIQUE - Gabriel Attal doit-il être jugé sur ses actes ou n’est-il qu’un « enfant », selon l’expression de Jean-Luc Mélenchon ? Ce mardi 9 janvier, les responsables politiques se divisent sur la conduite à adopter face au nouveau Premier ministre, critiques pour les uns, pleins d’espoir pour les autres.

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Pressenti depuis la veille, après la démission d’Élisabeth Borne, l’arrivée de Gabriel Attal rue de Varenne a été raillée par la majorité des cadres et élus de gauche, par ailleurs peu optimiste sur tout changement de politique. « Attal retrouve son poste de porte-parole. La fonction de Premier ministre disparaît », a réagi le fondateur de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon. Dans la même veine, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure estime que « Macron se succède donc à lui-même ».

« Tout changer pour que rien ne change », anticipait quelques heures plus tôt le secrétaire national du PCF Fabien Roussel sur Télématin, tout en demandant d’ores et déjà à être reçu par le nouveau chef de gouvernement, quel qu’il soit, pour « montrer au gouvernement la réalité des salaires dans notre pays ». « Changement de casting, mais pas de politique. Chronique d’un désastre annoncé », fustige la cheffe des députés écologistes Cyrielle Châtelain.

« Attal est peut-être jeune, mais il porte un projet vieux comme le monde »

Avant même son officialisation, plusieurs élus de gauche se sont appliqués à fustiger le « bilan » de Gabriel Attal, au ministère de l’Éducation comme à celui du Budget. « Gabriel Attal, c’est la suppression de 600 postes de profs pour la rentrée 2023. Il est peut-être jeune, mais il porte un projet vieux comme le monde : celui de la destruction des services publics », taclait sur Franceinfo le sénateur communiste Ian Brossat. « SNU, austérité budgétaire, retraite à 64 ans, vision passéiste et inégalitaire de l’École…Gabriel Attal : 34 ans en âge réel, 80 en âge ressenti ! », égratignait le député Génération.s Benjamin Lucas.

Sans se prononcer sur la personne, l’ancienne ministre socialiste de l’Éducation nationale Najat Vallaud Belkacem a, elle, ironisé sur le passage éphémère - moins de six mois - de Gabriel Attal à l’Éducation nationale.

À noter, la voix dissonante à gauche de Benoît Payan, maire de Marseille qui salue le plan « Marseille en grand », inauguré par Emmanuel Macron ainsi que les mesures pour « L’école du futur » expérimentées dans la cité Phocéenne. L’édile souhaite qu’il « se poursuive » sous l’égide de Gabriel Attal à qui il a adressé ses « vœux de réussite ». Et une offre de service ?

Ciotti souhaite la « réussite » à Attal

À droite, et en dépit des origines socialistes du nouveau Premier ministre, l’heure est aux félicitations. « Je forme des souhaits sincères à notre nouveau Premier ministre », a salué le président des Républicains, Éric Ciotti, dans un communiqué, alors qu’à l’Éducation, Gabriel Attal s’était attiré les compliments de la droite pour l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires.

La droite réclame tout de même au nouveau Premier ministre des « actes » pour marquer « la fin du en même temps ». « Il sera un bon Premier ministre s’il parvient à mener une politique de redressement des comptes publics, de retour de l’autorité et de reconstruction de nos services publics effondrés. Mais il faudrait pour cela une rupture profonde avec le macronisme. Gabriel Attal en a-t-il le profil et la volonté ? », interroge le sénateur LR Bruno Retailleau.

Plus sévère, la droite de la droite a profité de cette nomination pour tacler la « fin de règne » d’Emmanuel Macron, selon les mots du président du Rassemblement national Jordan Bardella. Le président de la République « risque plutôt d’emporter dans sa chute l’éphémère ministre de l’Éducation nationale », selon l’eurodéputé. « La nomination de Gabriel Attal ne va rien changer », abonde Laure Lavalette, députée RN du Var. « Il sera sûrement moins techno, moins dans ses fiches et moins glaciales qu’Élisabeth Borne, néanmoins, c’est un macroniste de la première heure (...), je ne vois pas en quoi cette nomination sera disruptive », réagit-elle sur BFMTV.

« Une macronienne est remplacée par un macronien qui va remplacer des macroniens par d’autres macroniens. Emmanuel Macron est une toupie : s’il arrête de tourner en rond, il tombe », juge aussi le président de Reconquête ! Éric Zemmour.

La passation de pouvoir avec la sortante Élisabeth Borne est prévue ce mardi à 14h30. Quant à la composition du nouveau gouvernement, elle reste incertaine et sera scrutée de près alors qu’Emmanuel Macron compte sur son nouveau Premier ministre pour revenir à l’essence du macronisme : « dépassement et audace ».

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