Pour gérer un petit budget, cette experte a 5 conseils

« Il ne faut pas hésiter à faire valoir ses droits et à demander les aides auxquelles on est éligible » explique Nadège Ruelland
« Il ne faut pas hésiter à faire valoir ses droits et à demander les aides auxquelles on est éligible » explique Nadège Ruelland

BUDGET - En cette période où linflation tire les prix à la hausse, les conseils pour faire des économies sont légion. Mais ces recommandations ne prennent pas toujours en compte la réalité des petits budgets, mis face à des difficultés supplémentaires du fait de la crise du pouvoir d’achat.

Pour offrir des conseils adaptés, Le HuffPost a interrogé Nadège Ruelland, conseillère en économie sociale et familiale libérale. Elle travaille avec des personnes qui ont des revenus allant de 800 € à 2000 € par ménage et par mois. Elle les guide, les oriente, et les informe de leurs droits. Voici ses recommandations pratiques les plus essentielles.

Ne pas avoir peur de faire valoir ses droits

Quel que soit son budget mensuel, la première étape est de faire le point sur ses revenus. Pour Nadège Ruelland, cela passe notamment par l’addition des salaires du ménage, mais aussi par le fait de s’assurer que l’on demande bien toutes les prestations sociales auxquelles on a droit.

« Je vois souvent des salariés au SMIC qui ne savent pas qu’ils ont accès à la prime d’activité, ou qui s’imaginent que le montant en est dérisoire alors qu’il peut faire une vraie différence. On peut être éligible à une aide à la complémentaire santé, aux chèques énergie, à différents droits CAF pour les enfants… Il y a aussi des aides ponctuelles : des aides départementales pour le logement, pour les retraités, ou des chèques vacances de la CAF pour partir l’été », énumère l’experte. Pour s’en assurer il est facile et accessible de s’informer sur les sites du service public dédiés.

Elle rappelle par ailleurs qu’il n’y a aucune honte à avoir recours à ces aides souvent non réclamées : « C’est important de se souvenir que c’est un droit. Quel que soit leur revenu, les gens paient des taxes, des impôts, ou encore la TVA. Ce ne sont pas ‘des assistés, et ces droits sont importants à faire valoir. C’est leur part. »

Traquer les abonnements inutiles

Après un état des lieux de la situation financière, il est temps de catégoriser ses dépenses entre charges fixes, frais variables, et éventuellement, remboursement de dettes. Parmi les frais fixes superflus, la conseillère explique observer régulièrement des abonnements mensuels peu chers qui s’accumulent et finissent par peser sur les budgets des personnes qu’elle accompagne. « Ce sont des petites dépenses qui ne paraissent rien : deux ou trois euros par-ci par-là pour une option pour un contrat de téléphone, Netflix, les magazines… En réalité, quand on les additionne, cela peut représenter beaucoup. »

À cela s’ajoutent aussi des contrats d’assurance parfois flous. « On se rend compte que sur un budget mensuel, il peut y avoir plusieurs contrats d’assurance dont on ne sait pas à quoi ils correspondent, qui sont parfois oubliés ou en doublon : logement, prévoyance, risques d’accident de la vie, assurance d’objets… Entre le démarchage et le manque de temps pour résilier, on se retrouve parfois avec une marge d’économies conséquentes là-dessus. Ça permet d’avoir un peu plus pour l’alimentaire, pour l’épargne ou pour les plaisirs. »

Le loyer, nerf de la guerre budgétaire

Toujours dans la catégorie frais fixes, la conseillère appelle à la vigilance sur le coût du loyer. « Je vois souvent des ménages qui essaient d’économiser sur l’alimentation alors qu’ils ont un loyer bien trop élevé : quand on dépasse un tiers des revenus pour le loyer, le risque d’endettement devient très élevé. » Un conseil qui peut sembler difficile à suivre, tant les loyers sont élevés dans certaines villes en France, et tant un déménagement peut être difficile et coûteux. Elle rappelle toutefois que certaines aides existent pour alléger ce prix.

« Parfois, s’éloigner de la ville peut permettre de souffler un peu pour quelque temps. Il faut noter qu’il existe des aides qui peuvent prendre en charge des frais de déménagement (ou une partie du double loyer s’il y a un mois de jonction) en fonction des ressources de chaque personne : certaines peuvent venir des employeurs, des caisses de retraite, de la CAF… C’est important d’au moins étudier cette possibilité. »

Épargner en début de mois, et éviter les crédits à la consommation

L’examen des charges variables du ménage permet d’énumérer les différentes dépenses mensuelles : l’alimentation, le carburant, le tabac… « Une fois qu’on a déduit les frais fixes, il n’y a que là-dessus qu’on peut optimiser le budget et dégager des petites économies, en fonction de la philosophie de chacun explique l’experte. On aborde le covoiturage, la possibilité de réduire ou d’arrêter de fumer… J’essaie de rappeler aux gens qui viennent me voir que nous sommes dans une société de surconsommation, et qu’on se fait souvent avoir. »

En évitant certaines petites dépenses, on peut trouver la capacité d’épargne du ménage. « Même si ce n’est pas grand-chose, je conseille toujours d’épargner : à la fin de l’année, ça peut permettre de se faire plaisir, ou de remplacer un objet utile qui tomberait en panne », déclare Nadège Ruelland. Pour s’assurer ce petit filet de sécurité, elle recommande de déduire cette somme de ses frais fixes et de la virer automatiquement, en début de mois, sur un compte épargne.

Parce qu’elle travaille avec des personnes dont le budget peut être fragile, éviter l’endettement est un point important pour la conseillère. « Ça peut avoir des conséquences lourdes : les crédits à la consommation ont des taux d’intérêt très élevés, et je mets en garde parce que ça peut devenir une habitude. On peut aller vers des dossiers de surendettement à la banque de France, ne plus avoir droit aux chèques… »

Pour les projets importants ou indispensables qui nécessitent un crédit (l’achat d’une voiture ou de son logement, par exemple) elle recommande toujours d’avoir recours aux banques et de se fier uniquement aux informations trouvables sur les sites des services publics. « Quand on fait des recherches sur internet, il faut être méfiant et ne surtout pas aller vers les crédits à la consommation qui démarchent beaucoup mais ont des taux d’intérêt très élevés ».

À voir également sur Le HuffPost :

Plan d’épargne avenir climat : à quoi ressemblera le futur livret d’épargne pour les mineurs ?

Journée internationale des droits des femmes : l’argent, au cœur des inégalités