Gérald Darmanin à Mayotte: l'archipel paralysé par un mouvement contre l'insécurité et l'immigration

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et la nouvelle ministre des Outre-mer, Marie Guévenoux, sont attendus ce dimanche 11 février à Mayotte pour préparer une nouvelle offensive contre la délinquance et l'immigration illégale.

Il s'agit de préparer une "opération Wuambushu 2", opération lancée l'an dernier visant à expulser les étrangers en situation irrégulière, à détruire les bidonvilles et à lutter contre la criminalité dans l'archipel.

"Nous sommes dos au mur, j'espère que Gérald Darmanin saura écouter les Mahorais, comprendre ce dont Mayotte à besoin et enfin agir", explique sur BFMTV Mansour Kamardine, député LR de Mayotte.

"Mayotte est au bord du chaos (...). C'est une population en grande souffrance abandonnée depuis des années par l'État", ajoute l'élu.

La fin du "séjour territorialisé"

Le département français dans l'Océan indien, déjà touché par une crise de l'eau aiguë, est paralysé depuis le 22 janvier par des barrages routiers installés par des "collectifs citoyens" pour protester contre l'insécurité et l'immigration incontrôlée.

Ils demandent l'expulsion de réfugiés originaires d'Afrique des Grands lacs, installés dans un camp de fortune autour du stade de Cavani, à Mamoudzou, et réclament la fin des actes de délinquance et des affrontements.

Le mouvement a en outre élargi ses revendications et demande la fin de "mesures législatives d'exception" qui, selon les manifestants, consacrent l'inégalité de Mayotte avec le reste de la France. Ils visent notamment le "séjour territorialisé", qui empêche les détenteurs d'un titre de séjour à Mayotte de se rendre en métropole.

"Mayotte sert de sas mais Mayotte ne peut pas accueillir de toutes les Comores et maintenant toute l'Afrique: il n'y a pas assez de logements", déplore sur BFMTV Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotte.

"Je crois que la priorité aujourd'hui, c'est Mayotte", a affirmé ce vendredi Marie Guévenoux, en marge de la cérémonie de passation de pouvoir avec son prédécesseur.

Les rayons des supermarchés se vident

"La situation est invivable ce qui provoque un mouvement social qui paralyse l'île depuis trois semaines: il n'y a plus de circulation possible, on est à court d'approvisionnement dans les supermarchés, il faut escorter les ambulances pour qu'elles passent les barrages...", raconte Estelle Youssouffa.

Après les barrages routiers, le blocage du port: Mayotte voit les rayons de ses supermarchés se vider et les risques de pénurie poindre, alors que la contestation s'amplifie.

Sur le port de Longoni, principale porte d'accès des produits et denrées alimentaires à destination de l'archipel français de l'océan Indien, les containers s'entassent sur le quai de déchargement.

Depuis ce mercredi, le collectif des "Forces vives de Mayotte" a décidé de "durcir la contestation". "Les Forces vives ont estimé qu'il fallait ériger des barrages à des endroits stratégiques pour que les Mahorais soient entendus", dit Abdou Badirou, leur porte-parole.

"Si le poumon économique de l'île est menacé, les autorités finiront par réagir. Nous bloquons des ronds-points et des services publics depuis trois semaines mais nous n'avons aucune réponse de l'Etat", s'indigne-t-il.

Dans les supermarchés, la situation commence donc à devenir critique. "Il faut entendre la colère légitime des Mahorais qui demandent à pouvoir vivre en paix comme le reste du pays", affirme Estelle Youssouffa, qui parle d'un "climat insurrectionnel".

"Opérations coup de poing"

"Wuambushu 1 avait permis de ramener le calme et de reconquérir l'espace public", poursuit la députée, qui déplore que les forces de l'ordre aient dû rentrer dans l'Hexagone "à cause des émeutes". "Ça a interrompu cet élan", complète-t-elle.

"Les gangs se sont réorganisés et frappent encore plus fort qu'avant", détaille Estelle Youssouffa.

"Wuambushu 2 c'est la demande des élus et de la population ici", assure l'élue. Durant leur déplacement ce dimanche, Gérald Darmanin et Marie Guévenoux seront notamment accompagnés de plusieurs directeurs généraux du ministère de l'Intérieur "et d'une quinzaine de gendarmes du GIGN qui viendront renforcer les effectifs sur place pour mener des opérations coup de poing".

Ils "entendent également renouer le dialogue avec les élus de l'archipel et les citoyens, mais également avec les acteurs économiques dont l'activité est rendue difficile par les barrages qui bloquent la circulation depuis plusieurs semaines", selon Beauvau.

Article original publié sur BFMTV.com