Des gènes résistants aux antibiotiques retrouvés dans les nuages

Des gènes résistants aux antibiotiques retrouvés dans les nuages
Des gènes résistants aux antibiotiques retrouvés dans les nuages

SCIENCE - Les gènes résistants aux antibiotiques ont la tête dans les nuages. Une nouvelle étude révèle en effet que des gènes antibiorésistants ont été retrouvés dans des bactéries récoltées dans des nuage. Parue dans la revue Science of The Total Environment du mois de mars, l’étude a été menée par de chercheurs de l’Université de Laval, au Québec, et l’Université Clermont Auvergne.

Car oui, certaines bactéries survivent également dans les airs. Des organismes qui « vivent habituellement sur les feuilles ou dans le sol », mais « transportées par le vent jusque dans l’atmosphère », expliquait ainsi Florent Rossi, le principal chercheur de l’étude, à l’AFP. Les nuages étudiés contenaient ainsi entre trois cent trente et trente mille bactéries par millilitre d’eau. Parmi ces micro-organisme, des bactéries porteuses d’un gène résistant aux antibiotiques.

On parle d’antibiorésistance lorsqu’un antibiotique n’a plus d’effet sur l’infection bactérienne qu’il est censé guérir. Mais plus le corps est confronté aux antibiotiques, plus les bactéries résistantes prennent le dessus sur les autres, ne subissant plus l’effet de l’antibiotique.

Nouvelles découvertes dans les nuages

Au total, huit chercheurs ont travaillé sur cette étude, menée dans le Puy-de-Dôme, à l’Observatoire de Physique du Globe, en collaboration avec l’Institut de Chimie de Clermont-Ferrand. Installé à 1465 mètres d’altitude, c’est un des rares sites à combiner bon emplacement et matériel nécessaire à la collecte de micro-organismes dans l’atmosphère, en l’occurrence dans les nuages. C’est donc douze échantillons de nuages différents qui ont pu être collectés entre septembre 2019 et octobre 2021, grâce à une sorte « d’aspirateur » à haut débit.

Sur les douze nuages étudiés, l’étude en distingue deux sortes : les nuages « marins » et les nuages « continentaux ». Or, des bactéries antibiorésistantes ont été retrouvées dans les deux cas. Cela signifie que ces gènes de résistance pourraient avoir des origines distinctes : entre d’autres termes, ils auraient été développé face à des antibiotiques différents : des traitements pour des maladies humaines, traitements pour les plantes...c’est une trace nouvelle de l’empreinte humaine sur son milieu.

Mais le problème va plus loin : une fois ces gènes de résistances présents dans les nuages, ces derniers disséminent l’antibiorésistance autour du globe. « Les nuages sont un important moyen de dispersion des gènes de résistance aux antibiotiques, sur des courtes et longues distances», prévient ainsi l’étude, qui préconise de « localiser les sources d’émission résultant des activités humaines pour limiter la prolifération des gènes résistants aux antibiotiques ».

« L’une des menaces les plus inquiétantes pour les sociétés humaines »

Le risque, c’est donc que des bactéries environnementales qui n’auraient jamais dû être exposées à des mutations génétiques de la sorte finissent par développer à leur tour de nouvelles résistances aux antibiotiques. L’étude précise d’ailleurs que « la présence de bactéries multirésistantes dans l’environnement est de plus en plus souvent signalée, ce qui représente l’une des menaces les plus inquiétantes pour les sociétés humaines d’aujourd’hui ».

Ce sont les répercussions que ces transferts et ces mutations génétiques pourraient avoir sur la santé humaine qui inquiètent. D’autant plus dans un contexte où le phénomène d’antibiorésistance prend de l’ampleur, en raison de la grande utilisation d’antibiotiques dans l’agriculture et dans la médecine.

L’étude précise d’ailleurs que l’antibiorésistance a provoqué près de cinq millions de décès en 2019.Elle pourrait en causer jusqu’à dix millions par an d’ici 2050, en devenant la première cause de décès dans le monde, si aucune action n’est mise en place.

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