Fusillade à Paris : le tireur mis en examen et placé en détention provisoire

French police secure the street after several shots were fired along rue d'Enghien in the 10th arrondissement, in Paris on December 23, 2022. - Two people were killed and four injured in a shooting in central Paris on December 23, 2022, police and prosecutors said, adding that the shooter, in his 60s, had been arrested. The motives of the gunman remain unclear, with two of the four injured left in a serious condition, the French officials said. (Photo by Thomas SAMSON / AFP) (Photo by THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images)

JUSTICE - L’homme de 69 ans soupçonné d’avoir assassiné trois Kurdes et blessé trois autres personnes vendredi à Paris, a été présenté à un juge d’instruction ce lundi 26 décembre. Celui-ci l’a mis en examen pour « assassinats », « tentatives d’assassinat », « violences volontaires avec armes à caractère raciste » et « infraction à la législation sur les armes ». Il a ensuite été placé en détention provisoire.

En garde à vue, ce suspect déjà connu pour au moins une tentative d’assassinat sur des migrants en 2021 et présenté comme William M. dans plusieurs médias a reconnu avoir voulu tuer des étrangers selon un mobile raciste. Ce conducteur de train retraité de nationalité française, qui s’est décrit comme « dépressif et suicidaire », a confié aux enquêteurs ressentir une « haine des étrangers devenue complètement pathologique ».

Il l’aurait développé après le cambriolage de son domicile en 2016, selon la procureure de Paris Laure Beccuau. « Avant de me suicider, j’ai toujours eu envie d’assassiner des migrants, des étrangers », aurait-il dit en garde à vue.

Il en voulait « à tous les migrants »

Vendredi au petit matin, il s’est rendu armé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) « pour commettre des meurtres sur des personnes étrangères », a poursuivi la procureure. Mais, faute de monde et ne pouvant recharger facilement son arme « en raison de sa tenue vestimentaire », il a renoncé à son projet.

Après être repassé au domicile parisien de ses parents, où il vivait, il s’est rendu à pied rue d’Enghien (Xe arrondissement) vers le centre culturel kurde Ahmet-Kaya, dont il connaissait la localisation. Le sexagénaire a alors ouvert le feu avec une arme de poing, tuant deux hommes, Mir Perwer, un chanteur kurde réfugié politique, et Abdurrahman Kizil, ainsi que la responsable du Mouvement des femmes kurdes en France, Emine Kara.

Trois autres hommes ont été blessés. Cinq des six victimes sont de nationalité turque, la dernière de nationalité française. L’homme a expliqué « s’en être pris à des victimes qu’il ne connaissait pas », précisant en vouloir « à tous les migrants » et « aux Kurdes pour avoir “constitué des prisonniers lors de leur combat contre Daesh (l’organisation État islamique, ndlr) au lieu de les tuer” », a détaillé Laure Beccuau.

Son intention était « d’utiliser toutes les munitions et de se suicider avec la dernière balle », selon la procureure. Ont été retrouvés lors de son arrestation son arme, un Colt 45, quatre chargeurs contenant au total 14 munitions et une boîte de 25 munitions. Dès son interpellation, le suspect avait indiqué avoir agi parce qu’il était « raciste », a précisé une source proche du dossier.

Un inconnu des services de renseignement

Placé en garde à vue vendredi peu après les faits, il a été conduit samedi en fin de journée à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police pour des raisons de santé. Sa garde à vue a finalement pu reprendre dimanche à 16 h 25, a rapporté le parquet.

Dans une autre affaire, le tireur présumé a été mis en examen, notamment pour violences avec arme à caractère raciste, soupçonné d’avoir blessé à l’arme blanche des migrants dans un campement parisien, le 8 décembre 2021. Placé en détention provisoire pendant un an, durée maximale prévue par la loi pour ce type de faits, il a été remis en liberté le 12 décembre.

Les éléments saisis lors de la perquisition du domicile parental n’ont pas révélé « un quelconque lien avec une idéologie extrémiste », a précisé la procureure de Paris. Il n’est pas connu non plus des services de renseignements, ni fiché comme militant d’ultradroite, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

L’attaque de vendredi a bouleversé la communauté kurde, qui a dénoncé un acte « terroriste » et mis en cause la Turquie. Des manifestations en hommage aux victimes, parfois émaillées de violences et de dégradations, ont été organisées samedi à Paris, Marseille et Bordeaux. Pour de nombreux Kurdes, ce triple assassinat fait écho à celui, jamais élucidé, de trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) le 9 janvier 2013 à Paris. Le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) a appelé à une marche lundi à midi reliant la rue d’Enghien à la rue La Fayette, où avaient été retrouvés les corps des trois militantes du PKK.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi