La fumée des incendies du Canada arrive en France, faut-il s’inquiéter pour notre santé ?

La ville de Montréal, recouverte d’un épais nuage de fumée émanant des incendies qui ravagent le Canada
La ville de Montréal, recouverte d’un épais nuage de fumée émanant des incendies qui ravagent le Canada

SANTÉ - Les chiffres font peur. Au Canada, les feux de forêt qui ravagent le pays ont englouti plus de 4 millions d’hectares. Leur fumée a enveloppé les villes de New York et Montréal, rendant l’air « extrêmement malsain ». Selon les simulations de Copernicus, le programme européen de surveillance de la Terre, la fumée a maintenant traversé l’Atlantique et devrait atteindre la France ce lundi 26 juin 2023. Mais quel sera son impact sur notre santé ?

Ce nuage de fumée n’aura a priori pas les mêmes conséquences sur la France que sur le continent américain, où cent millions d’Américains ont reçu une alerte sur la qualité de l’air. « La fumée risque de dégrader un peu la qualité de l’air, mais on ne sait pas encore dans quelles mesures », résume Thomas Bourdrel, médecin chercheur à l’Université de Strasbourg sur les questions de pollution de l’air que nous avons contacté.

En France, « ça ne sera pas très dangereux. (...) Il y a des chances pour que le nuage reste en altitude. S’il est très haut, dans les hautes couches de l’atmosphère, il aura très peu d’impact sur notre santé. Mais à la faveur de la pression atmosphérique, s’il atteint les basses couches, celles que l’on respire, on peut se retrouver avec un pic de pollution », explique le médecin.

« Exacerbation de maladies cardiovasculaires et respiratoires »

À court terme, le risque est « l’exacerbation de maladies cardiovasculaires et respiratoires ». Les patients qui font de l’asthme peuvent éprouver des difficultés à respirer, « et ceux qui ont des maladies cardiovasculaires ont davantage de risques de faire un AVC ou un infarctus ».

À long terme, les risques sont un peu plus dangereux si l’on respire régulièrement un air de cette qualité : « Si l’on est exposé chroniquement à ce type de particule fine, on a davantage de chances de développer des cancers. Il peut y avoir des effets sur les grossesses. Ça peut aussi favoriser l’apparition des maladies neurodégénérative. »

Selon Thomas Bourdrel, les nuages de particules fines qui voyagent sur des centaines de kilomètre ne sont pas rares. C’est le cas des nuages qui viennent du Sahara, et qui recouvre parfois la France d’une fine couche de sable. Mais ces particules sont beaucoup moins toxiques que celles qui émanent de la combustion liée aux incendies. Dans ces dernières, « on retrouve des métaux lourds, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, des dioxines… », liste-t-il avant de rappeler que ces particules sont « extrêmement cancérigènes, surtout si on les respire régulièrement ».

Rien n’empêche de prendre ses précautions pour les jours à venir, car on ne sait pas dans combien de temps les particules se disperseront. « Mieux vaut ne pas exposer les personnes fragiles, comme les femmes enceintes, les nouveau-nés ou les personnes âgées. D’un point de vue individuel, il faut éviter de faire du sport de façon intensive. Et si le taux de particule est important, on peut porter des masques types FFP2 et FFP3 », conseille-t-il avant de se montrer une nouvelle fois rassurant : « Mais je ne crois pas que le port du masque soit nécessaire pour la France. »

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