Sur franceinfo, le procès d’Éric Dupond-Moretti à la CJR a pris bien trop de place au goût du ministre de la Justice

POLITIQUE - Ce n’est certainement pas le meilleur plaidoyer du ténor du barreau. Ce vendredi 6 octobre, alors que son procès pour des soupçons de prise illégale d’intérêt devant la Cour de Justice de la République débutera dans exactement un mois, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti n’a pas échappé au sujet à l’occasion de sa venue sur franceinfo.

Le garde des Sceaux doit comparaître à partir du 6 novembre devant la CJR, du jamais vu pour un ministre de la Justice en exercice. Il lui est reproché d’avoir profité de sa fonction à la Chancellerie pour régler ses comptes avec des magistrats avec lesquels il avait eu maille à partir durant sa première vie d’avocat. Et même si la Première ministre Élisabeth Borne lui a redit sa confiance cet été, son avenir au sein du gouvernement est remis en question.

Peut-on être ministre de la Justice et en même temps comparaître devant la justice ? Se déportera-t-il de certains sujets ? Sera-t-il remplacé aux questions au gouvernement par la Première ministre durant la semaine d’audience ? Quid du Conseil des ministres ? Autant de questions qu’Agathe Lambret et Benjamin Fontaine, les journalistes de franceinfo qui l’interrogeaient ce vendredi matin, lui ont posées. Pour son plus grand agacement.

Dans un premier temps, Éric Dupond-Moretti a tenté l’esquive, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, à partir de 10’45. Assurant que sa priorité était de continuer à œuvrer pour son ministère, il s’est longuement étendu sur son action et les lois qu’il entend mener avant le début de son procès : le budget 2024, un texte « sur les repentis en préparation », les « mesures post-émeutes que nous allons prendre ». « Je dois vous dire que je ne manque pas de travail », fait-il valoir dans une tentative de changer de sujet. En vain.

« On va arrêter avec ce sujet »

Car les journalistes ont insisté. Au vu du caractère inédit de la situation, une organisation particulière a-t-elle déjà été prévue pour la semaine du 6 novembre ? « Nous verrons, vous verrez », a botté en touche le ministre, avant de s’agacer : « Vous allez me poser 50 fois la question ? »

La suite de l’interview, où il est interrogé sur une possible démission du gouvernement, ne lui a pas plu davantage. « C’est extraordinaire comme vous voulez aller plus vite que la musique », a-t-il répondu, avant de qualifier de « résumé de résumé » la présentation de l’affaire. « Vous me permettrez de me défendre. On va arrêter là (l’entretien sur ce sujet, ndlr) et ensuite vous verrez. Ce procès ne doit pas prendre toute la place. Là je suis venu vous dire qu’il y a une réforme historique, que la justice bouge, (...) que depuis que le président de la République est là, on a augmenté le budget de 50 %. Est-ce qu’on peut deux minutes s’arrêter sur ces nouvelles qui sont excellentes ? », a encore tenté Éric Dupond-Moretti, cherchant à revenir sur un terrain plus à son avantage.

« On l’a fait, on a même commencé par ça », lui a rappelé Agathe Lambret, avant d’enchaîner avec une nouvelle question sur le procès.

« On va arrêter avec ce sujet. Patientez un peu, est-ce que je peux me permettre de vous le suggérer ? Il m’est impossible de vous donner des ordres, comme je ne peux pas en donner au procureur de la République et c’est très bien comme ça », a fini par lâcher le ministre, invitant les journalistes à l’audience du 6 novembre. Il a un mois pour préparer une (meilleure) défense.

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