France : les racines de la colère

La sidération mais aussi un air de déjà-vu.

D’abord il y a les images, choquantes, celles où l’on voit un policier tirer à bout portant sur le conducteur d’une voiture lors d’un contrôle routier, le 27 juin à Nanterre. Cette vidéo, publiée sur les réseaux sociaux, a fait le tour du monde et a “joué un rôle déterminant dans le déferlement de violence qui a secoué les rues, car elle contredit la version de la police”, expliquait le quotidien conservateur espagnol La Razón au lendemain du drame. Même constat pour El País : “Les images ont provoqué la stupéfaction et la colère.”

Le conducteur, Nahel, avait 17 ans, et il est mort pour un refus d’obtempérer. Depuis, la presse étrangère a très largement couvert la flambée de violences de ces derniers jours en France. En Europe mais aussi dans le monde arabe, au Maghreb, aux États-Unis et jusqu’en Chine ou en Russie, de nombreux journaux y ont même consacré leur une (et de très nombreux articles). Avec plus ou moins de nuances : “La France à feu et à sang. Macron demande aux parents de garder leurs adolescents à la maison” (Público, Portugal) ; “Révolte contre la police” (Der Tagesspiegel, Allemagne) ; “Les banlieues françaises brûlent de rage” (Le Temps, Suisse) ; “Que faire de cette colère ?” (Die Tageszeitung, Allemagne) ; “L’épidémie de violence policière” (Al-Araby Al-Jadid, Qatar)…

Du malaise des banlieues au “racisme systémique” de la police, de l’origine des violences urbaines à leurs conséquences politiques, les envoyés spéciaux des grands médias étrangers ont multiplié les analyses, témoignages et reportages pour tenter de comprendre les origines de cette colère française. Dans notre dossier cette semaine, nous vous en proposons une sélection représentative. C’est un autre regard, plus distancié, sur ce qui se passe en France, et c’est un regard nécessaire.

Il y a d’abord ce reportage à Nanterre, signé Nadia Pantel pour Der Spiegel. “Ceux qui, comme Nahel, ont grandi dans la cité Pablo-Picasso sont les cobayes d’une expérience de béton”, écrit-elle dans un article très documenté sur la situation des banlieues en France. “À seulement quelques encablures se dressent les tours du quartier d’affaires de la Défense. Sur le papier, rien ne sépare les employés de ces bureaux des habitants des tours Nuages. Mais une frontière sociale sépare ces deux mondes.”

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