France-Maroc : les supporters marocains peuvent-ils tout changer ?

Morocco's players celebrate after winning the Qatar 2022 World Cup quarter-final football match between Morocco and Portugal at the Al-Thumama Stadium in Doha on December 10, 2022. (Photo by Odd ANDERSEN / AFP)
ODD ANDERSEN / AFP Morocco's players celebrate after winning the Qatar 2022 World Cup quarter-final football match between Morocco and Portugal at the Al-Thumama Stadium in Doha on December 10, 2022. (Photo by Odd ANDERSEN / AFP)

FOOTBALL - C’est comme si, en ce mois de décembre, le royaume avait deux capitales. L’une au Maroc, Rabat, et l’autre au Qatar où se déroule la Coupe du monde. Les maillots rouges que l’on a vus les soirs de match contre la Belgique (au premier tour), l’Espagne (en huitièmes de finale) ou le Portugal (en quarts) n’étaient pas ceux des Diables rouges, de la Roja ni de la Seleçao mais ceux des Lions de l’Atlas.

L’équipe de France qui les affronte ce mercredi en demi-finale du mondial aura l’occasion de le mesurer à son tour. Car même si les Bleus de Deschamps sont officiellement ceux qui reçoivent cette rencontre, elle aura tout d’un match à l’extérieur. « Nous jouerons à domicile avec les meilleurs supporters du monde », s’est enthousiasmé le sélectionneur Walid Regragui à la veille de ce rendez-vous.

Ce qui était déjà vrai depuis la mi-novembre le sera encore plus pour cette demi-finale historique. Un chiffre illustre à lui seul la folie qui va s’emparer des tribunes du stade Al Bayt d’Al Khor : 30 avions spéciaux ont été affrétés par la Royal Air Maroc pour déplacer 9000 Marocains de Casablanca à Doha. Le coach marocain estime qu’environ 20 000 fans pousseront derrière son équipe, soit quatre fois plus que le contingent français.

Tout un continent, et même plus derrière le Maroc

Il faut dire que le temps d’une compétition, le Maroc a fait abstraction des fissures qui peuvent jalonner le pays. « À un moment, on était divisé. Si on a pu rassembler notre peuple autour du foot, c’est bien », se félicite ainsi Walid Regragui.

Mais cela ne suffit pas à expliquer la ferveur qui dépasse largement les frontières du pays. « La nature du football fait que les moins favoris sont soutenus par un large public. Mais il y a aussi les facteurs de proximité comme la culture commune entre pays Arabes et la représentativité de l’Afrique. Le Maroc est le porte-étendard de beaucoup de pays », analyse pour Le HuffPost le journaliste marocain Amine El Amri qui suit la compétition au Qatar.

Les réactions qui ont suivi la première qualification d’un pays africain pour les demi-finales d’une Coupe du monde corroborent ce propos. « Le continent entier vous soutient », a vite tweeté la légende et actuel président de la fédération camerounaise Samuel Eto’o. « Le Maroc tire l’Afrique vers le sommet du football mondial ! (...) Quand l’Afrique se donne les moyens de ses ambitions, elle y arrive. Faites-nous rêver encore », a exhorté son homologue sénégalais Augustin Senghor.

« On a envie de rentrer dans l’histoire pour le Maroc, pour le Maghreb, nos frères algériens, tunisiens, égyptiens, libyens, pour l’Afrique subsharienne. Pour tous ceux qui ont rêvé un jour de voir l’Afrique en demie ou finale de la Coupe du monde. Alors je peux vous dire qu’on est en mission. Nous ne sommes pas là pour rigoler. Mercredi, on va courir, on n’est pas fatigué », a repris Walid Regragui pour ramener le sujet des tribunes sur la pelouse.

Didier Deschamps et les Bleus sont prévenus

Et c’est bien ça qui préoccupe les joueurs de l’équipe de France et le staff : l’impact que cette atmosphère aura sur la confrontation entre Kylian Mbappé et Achraf Hakimi, entre Olivier Giroud et Yassine Bounou, entre Jules Kounde et Sofiane Boufal. « Un climat hostile va régner dans le stade qui sera aux couleurs du Maroc. On ne va pas s’entendre mais on se prépare à tout, sereinement », a temporisé Hugo Lloris. Devant la presse, le capitaine bleu a préféré s’attarder sur le jeu marocain et sa solidité défensive.

Pour avoir remporté une Coupe du monde (1998) et avoir été en finale d’un Euro (2016) à domicile, Didier Deschamps sait mieux que quiconque ce que représente de jouer devant les siens. « Ils ont une ferveur populaire qui est très importante, tant mieux pour eux et ce n’est pas en demie que se sera inférieur », prédit le sélectionneur tricolore. Mais fort de son expérience, il rappelle également que « préparer un match, c’est aussi se préparer à l’environnement ». Et s’il fallait une dernière formule pour rassurer des supporters français un peu inquiets, DD en a trouvé une dont il a le secret. « Cette ambiance, ça fait partie du contexte mais ce n’est pas ça qui fait marquer des buts ou qui fait en prendre. » Jusqu’à présent, pourtant, aucun adversaire du Maroc n’a réussi à lui en inscrire un.

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