En France, une “icône du journalisme” qui travaillait pour le KGB

“Pendant des décennies, il a fait partie du gratin de la société française.” Philippe Grumbach, journaliste français du magazine L’Express pendant près de vingt-cinq ans, était un agent du KGB révèle, le 15 février, une équipe de journalistes de la rédaction fondée par Jean-Jacques Servan-Schreiber. Sur son site, la BBC relate le parcours de cette “icône du journalisme” qui servait les intérêts d’une puissance étrangère en pleine guerre froide.

Les journalistes de L’Express s’appuient sur les informations d’un autre agent du KGB, Vassili Mitrokhine, qui a fait défection au profit du Royaume-Uni et dont les archives sont entreposées à l’université de Cambridge. Le nom de Philippe Grumbach y figure, accolé à son nom de code, Brock, et à son année de recrutement, 1946.

En 1954, Grumbach est engagé par Jean-Jacques Servan-Schreiber à L’Express, où il œuvre notamment “à la réhabilitation de François Mitterrand, alors sénateur, accusé d’avoir organisé une fausse tentative d’assassinat” en 1959. D’abord rédacteur en chef de 1956 à 1960, il devient directeur de la rédaction en 1974 et jusqu’en 1978.

Des actions nébuleuses

En plus d’acteurs du monde de la culture, Philippe Grumbach était proche des hommes politiques les plus influents de l’époque. “Il fréquentait l’influent Servan-Schreiber, le président Giscard d’Estaing ainsi que Pierre Mendès-France,” écrit le site de la radiodiffusion britannique. Le tout, en renseignant les services secrets de l’URSS.

Mais qu’est-ce qui a motivé ce fils d’une famille juive ayant fui la France après l’arrivée des troupes nazies à s’engager auprès du KGB ? “Certains peuvent y voir un geste romantique donné en signe de fidélité à un régime condamné”, mais les documents de Vassili Mitrokhine laissent penser à des motivations plus prosaïques : une véritable adhésion à l’idéologie soviétique ainsi que des émoluments non négligeables (entre 1976 et 1978, Grumbach aurait reçu l’équivalent de 250 000 euros actuels).

On ignore toutefois quelles missions il a pu exécuter,” note la BBC. Si le KGB lui a transmis des documents visant à créer des tensions entre les candidats à l’élection présidentielle de 1974, “il n’existe guère d’autres preuves concrètes des agissements de Grumbach en faveur de l’URSS”. Un manque de résultats qui explique, peut-être, pourquoi les services secrets soviétiques rompent avec lui en 1981.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :