France-Australie : quelle est cette malédiction qui touche les tenants du titre de la Coupe du monde ?

France's forward Kylian Mbappe (L) fights for the ball with France's forward Olivier Giroud during a training session at the Jassim-bin-Hamad Stadium in Doha on November 17, 2022, ahead of the Qatar 2022 World Cup football tournament. (Photo by FRANCK FIFE / AFP)
FRANCK FIFE / AFP France's forward Kylian Mbappe (L) fights for the ball with France's forward Olivier Giroud during a training session at the Jassim-bin-Hamad Stadium in Doha on November 17, 2022, ahead of the Qatar 2022 World Cup football tournament. (Photo by FRANCK FIFE / AFP)

FOOTBALL - On y est. Alors que la Coupe du monde a donné son coup d’envoi dimanche 20 novembre, c’est au tour de l’équipe de France de faire son entrée en lice dans la compétition face à l’Australie ce mardi. Suivront des oppositions contre le Danemark samedi, puis la Tunisie mercredi 30 novembre.

Les débuts des Bleus sont d’autant plus attendus qu’ils font partie des grands favoris. Ils sont au Qatar avec un statut bien particulier : celui de tenant du titre, et donc de l’équipe à battre. Un statut qui, il faut le dire, s’apparente plus à un fardeau qu’autre chose lorsque l’on regarde les dernières éditions du Mondial.

En effet, hormis le Brésil en 2006 (éliminé en quarts par l’équipe de France), tous les sortants ont été sortis dès les phases de poule l’édition suivante. Ce sont d’ailleurs les Bleus qui ont ouvert le bal en 2002. Battus par le Sénégal puis tenus en échec par l’Uruguay, les joueurs de Roger Lemerre terminent à une piteuse dernière place après un nouvel échec contre le Danemark.

Équipe à battre et « laisser-aller »

En 2010, c’est l’Italie qui subit le même sort en Afrique du Sud avec deux nuls contre le Paraguay et la Nouvelle-Zélande et une défaite contre la Slovaquie. Rebelote en 2014 pour l’Espagne qui sort d’un triplé Euro-Coupe du monde-Euro mais arrive en fin de cycle au Brésil. Humiliée 5-1 par les Pays Bas, la Furia Roja est à nouveau battue par Chili. La victoire face à l’Australie est vaine et les Espagnols sortent par la petite porte de la compétition remportée par l’Allemagne.

Quatre ans plus tard, c’est donc au tour de la Mannschaft de connaître la même désillusion. Championne du monde en titre, demi-finaliste de l’Euro en 2016 et auteure d’une campagne de qualifications exceptionnelle, la sélection de Joachim Löw arrive en Russie sûre de sa force. Mais les Allemands perdent d’entrée face au Mexique, gagnent à l’arraché face à la Suède puis s’inclinent à nouveau, à la surprise générale, face à une Corée du Sud.

« Être tenants du titre veut dire qu’on est une équipe à battre, on a pu le ressentir ces dernières années, a reconnu Hugo Lloris, capitaine de l’équipe de France, face à la presse. Depuis le sacre en Russie, on sent des adversaires encore plus motivés à l’idée de nous affronter. » Consultant pour beIN Sports lors de cette Coupe du monde, Sonny Anderson a une autre explication. « Quand vous arrivez en tant que champion du monde en titre, vous pensez que tout est déjà fait et que vous allez passer facilement », pointe-t-il auprès du HuffPost, déplorant aussi un certain « laisser-aller » des équipes concernées. « Il faut faire en sorte de repartir à zéro, se dire que c’est une nouvelle Coupe du monde, et de se concentrer sur chaque match », ajoute l’ancien attaquant brésilien de l’Olympique Lyonnais.

Face à l’Australie ? « Tout sauf une victoire poserait de gros doutes »

La France peut-elle être victime à son tour ? Didier Deschamps est, en tout cas, prévenu. Récemment interrogé à ce propos en conférence de presse, le sélectionneur a préféré ironiser. « Je vais prendre un tube d’aspirine de plus, vous voulez me saper le moral, mais vous n’allez pas réussir, a-t-il plaisanté. Les statistiques sont là… Cela montre bien la difficulté et l’exigence du haut niveau. Gagner est très difficile, se maintenir l’est encore plus. Cet historique vient le confirmer », a-t-il poursuivi.

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La pression est tout de même double pour les Bleus, qui doivent jongler avec les blessures de certains piliers (N’Golo Kanté, Paul Pogba avant la compétition puis Presnel Kimpembe, Christopher Nkunku et surtout Karim Benzema depuis le début de la préparation), plusieurs affaires extra-sportives, mais aussi des récents résultats très moyens. Rien qui puisse inciter à l’optimisme en somme.

« On ne peut pas ne pas y penser. Le sélectionneur et son staff ont préparé la meilleure équipe possible, même s’il y a eu des concours de circonstances avec des blessés. Il y a le danger des premiers matchs, il faut bien le préparer car on connaît l’importance de bien débuter une compétition », souligne Hugo Lloris.

Réussir son entrée en lice revêt donc une importance cruciale pour une équipe de France en quête de repères et de confiance. Gagner dès le départ, si possible avec la manière, donnera le ton de la suite. « Tout autre résultat qu’une victoire poserait de gros doutes sur cette sélection. C’est important aussi que les joueurs soient rassurés par ce résultat sinon ça peut créer de grosses tensions qui seront difficiles à gérer », analyse pour Le HuffPost Jérôme Rothen, ancien international du Paris Saint-Germain aujourd’hui consultant pour RMC Sport.

« Les choses sont aussi faites pour s’inverser »

Il poursuit, tout en balayant l’existence d’une quelconque malédiction : « Gagner face à l’Australie nous donnera un peu plus de confiance. Deschamps sera réconforté par rapport à ce qu’il a mis en place avec ce groupe et son dispositif tactique. Mais ce n’est pas une fin en soi. En revanche si on perd, le second match sera décisif, en plus face au Danemark qui est l’adversaire le plus fort du groupe. »

Remporter son premier match, les Bleus n’étaient pas parvenus à le faire en 2002, et ce fut la même chose pour l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne par la suite. Cette dernière peut néanmoins faire office de contre-exemple en 2010. Sa défaite inaugurale face à la Suisse ne l’avait pas pour autant empêchée d’être championne du monde un mois plus tard.

« Les choses sont aussi faites pour s’inverser. C’est à la base très dur d’être champion du monde, c’est pour ça qu’on en a que deux. Alors faire le doublé serait un véritable exploit », rappelle Jérôme Rothen. Depuis le Brésil en 1962, aucune sélection n’a réussi.

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