Yahoo Actualités Une France à +4°C : un enjeu de santé publique de premier plan
La chaleur excessive va aggraver de nombreuses pathologies, entraînant aussi une augmentation de la pollution et l'arrivée d'espèces invasives vectrices de nouvelles maladies. Des outils d'adaptation commencent à voir le jour.
Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°928, daté juin 2024.
On ne peut plus l'ignorer : le réchauffement global menace directement la santé des Français. De fait, la biologie des organismes est intimement liée aux températures auxquelles ils sont soumis. Et dans une France à +4 °C, nul doute que les cartes seront rebattues. Déjà en tête des motifs d'hospitalisation, les pathologies cardio-vasculaires seront aggravées… et rejointes par une probable explosion des affections pulmonaires et maladies infectieuses.
"Le bon fonctionnement de chaque organe dépend de la température du corps, donc de sa capacité à la réguler quand les conditions extérieures varient, rappelle Jean-François Toussaint, professeur de physiologie à l'Université Paris Cité. La chaleur altère à la fois l'activité des organes, mais aussi leur capacité à faire face à des pathologies. " Dès lors, le nombre de malades et la mortalité augmentent.
Quand les températures grimpent trop, le corps ne suit plus
Le phénomène est déjà perceptible aujourd'hui : Santé Publique France a recensé plus de 5000 décès attribuables à la chaleur lors de l'été 2023, le quatrième été le plus chaud en France depuis 1900 - après, dans l'ordre, 2003, 2022 et 2018. Pour le corps humain, la température extérieure idéale est de 23 °C. Quand elle s'élève, l'organisme déploie des mécanismes de thermorégulation pour rester à 37 °C. "La transpiration et la vasodilatation évacuent la chaleur vers l'extérieur", précise Kévin Jean, épidémiologiste et spécialiste de la santé et des changements globaux à l'École normale supérieure de Paris.
Mais quand les températures grimpent trop, le corps ne suit plus : "Les conséquences sur la santé peuvent s'avérer bénignes : boutons de chaleur, crampes, œdèmes… Mais aussi très sérieuses : le fameux coup de chaleur par exemple, qui se traduit par une forme d'épuisement, une perte de conscience et aboutit au décès en l'absence de prise en charge", ajoute le chercheur. C[...]
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