Françoise Gilot, la femme qui a « dit non » à Picasso

La peintre française Françoise Gilot, le 6 avril 2004, dans son atelier à Paris.  - Credit:Jean-Pierre Muller/AFP
La peintre française Françoise Gilot, le 6 avril 2004, dans son atelier à Paris. - Credit:Jean-Pierre Muller/AFP

C'était au printemps 1999, alors que j'écrivais la biographie de Cocteau (Gallimard, 2003), que j'eus la chance de rencontrer Françoise Gilot dans son atelier parisien de l'avenue Junot (18e arrondissement). Vivant surtout aux États-Unis, l'ex-compagne de Picasso approchait des 80 ans, mais restait d'une beauté frappante.

Toujours aussi active, elle avait pris toute une journée pour m'évoquer la relation de très grande affection qu'elle avait eue avec Cocteau – le seul des amis de Picasso qui ne l'avait pas rejetée après leur séparation. Et j'avais pu mesurer cette intelligence lumineuse qui avait frappé Picasso durant la guerre, en 1943 plus précisément, où il avait commencé de la fréquenter, après l'avoir croisée par hasard au Catalan.

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Elle avait alors 21 ans, lui quarante de plus. Elle gagnait sa vie en donnant des cours d'équitation et commençait à peindre, avec son amie Geneviève : il se rendit aussitôt à la galerie exposant les deux jeunes femmes et approuva. Gilot admire le travail de Picasso, mais elle le place un peu moins haut que Bonnard ou Matisse. L'Espagnol lui interdit d'aller dans l'atelier du premier et lui présente en échange le second, qui esquisse son portrait.

Il n'a qu'une idée : en faire sa compagne alors qu'il s'éloigne de Dora Maar. Elle rechigne, en vraie amazone. Il s'emporte, personne ne lui dit non d'ordinaire, mais elle a du caractère, au point de s'être brouillée avec son père, un [...] Lire la suite