Pour François Bayrou, l’affaire judiciaire du MoDem n’est pas étrangère à la mort de Marielle de Sarnez

Francois Bayrou et Marielle de Sarnez en mai 2019 lors d’un meeting de LREM. La vice-présidente du MoDem est décédée le 13 janvier 2021 d’une leucémie.
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Francois Bayrou et Marielle de Sarnez en mai 2019 lors d’un meeting de LREM. La vice-présidente du MoDem est décédée le 13 janvier 2021 d’une leucémie.

POLITIQUE - Six ans après le début de l’affaire, le parquet a requis mardi 31 janvier un procès dans l’affaire des soupçons d’emplois fictifs des assistants parlementaires d’eurodéputés MoDem. « Tout est faux », martèle ce mercredi 1er février le patron du mouvement François Bayrou, qui relie ce sujet au décès de son ancienne vice-présidente Marielle de Sarnez.

Sur le plateau de BFMTV, François Bayrou a dénoncé une « bataille politique » lancée par « des adversaires politiques ». « La vie politique est une jungle et assez souvent, vos adversaires, les bêtes fauves qui vous agressent, ne se trouvent pas nécessairement dans le camp de vos ennemis », a-t-il tancé, alors que ces accusations lui ont coûté, ainsi qu’à Marielle de Sarnez, leurs postes de Garde des Sceaux et de ministre chargée des Affaires européennes dans le gouvernement d’Édouard Philippe.

« La question principale est que dans ce genre de piège, il y a des gens qui supportent, qui ont les épaules pour supporter, le cuir épais. Et d’autres qui n’ont pas cette solidité-là et qui tombent malades et parfois qui meurent », a ajouté François Bayrou, dans une allusion évidente à son ancienne collègue, décédée en 2021 d’une leucémie.

S’il n’a jamais cité le nom de celle qui fut sa plus fidèle alliée, le leader centriste a souligné qu’il y a « évidemment dans ces affaires-là une dimension d’agression humaine qui est difficile à porter », précisant que « ce ne l’était pas » pour lui.

« Ce que vous laissez entendre c’est que Marielle de Sarnez en est morte », relance alors la journaliste Apolline de Malherbe. « Je ne connais pas une seule personne qui la connaissait qui ait pu se dire le contraire, répond François Bayrou. Il y a des gens qui sont du point de vue de l’honnêteté, fragiles, du point de vue de l’image, fragiles. Dans une équipe humaine où des liens sont extrêmement forts, c’est extrêmement difficile à porter. »

« Tout ceci est faux y compris dans leurs chiffres », martèle Bayrou

Selon un rapport rendu en avril 2021 par les policiers de l’Office anticorruption (Oclciff), le parti centriste a mis en place un « système ancien et plus ou moins informel » de détournement des fonds européens pour salarier ses employés. « Pour faire vivre son parti et assurer son fonctionnement à moindre coût, François Bayrou et Marielle de Sarnez, épaulés par les cadres du parti, ont mis au service de l’UDF, puis du MoDem, des assistants parlementaires rémunérés par le Parlement européen », résument les enquêteurs.

Ce que François Bayrou a de nouveau nié en bloc ce mercredi. « Nous n’avons jamais utilisé ces procédés-là. Chez nous, tous ceux qui étaient les assistants parlementaires de députés européens avaient un contrat à temps partiel pour le député européen et un autre pour le mouvement. Et la cour d’appel a dit que ceci suffisait pour prouver que c’était réel et vrai », a fustigé François Bayrou.

Il assure que lui et son parti apporteront « les preuves » nécessaires pour prouver leur innocence et dénonce l’origine douteuse selon lui des accusations. « Ceux qui nous ont accusés, c’était des adversaires politiques. Des gens qui avaient profité de ce mouvement et qui après s’étaient retournés contre lui », clame-t-il.

Le parquet de Paris avait ouvert une enquête en mars 2017 après la dénonciation d’une ancienne élue du Front national, Sophie Montel, sur des emplois fictifs de collaborateurs de dix-neuf de ses collègues de tous bords. Treize personnes, dont François Bayrou, l’ancien garde des Sceaux Michel Mercier et les anciens eurodéputés Sylvie Goulard, Nathalie Griesbeck et Jean-Luc Bennahmias, sont susceptibles de passer devant le juge pour complicité de détournement de fonds publics.

Les investigations portent essentiellement sur la législature européenne 2009-2014 mais aussi, dans une moindre mesure, les législatures antérieure et postérieure, avec un préjudice pour le Parlement européen évalué à 1,4 million d’euros. La décision finale sur la tenue d’un procès revient à la juge d’instruction saisie du dossier.

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