Fouilles, contrôles... Ce que change le passage du plan Vigipirate au niveau "urgence attentat"

Les Français devraient être confrontés à une multiplication des contrôles et fouilles aux abords des lieux bondés, mais aussi des lieux de culte et établissements scolaires.

Une mesure préventive mais significative. En réaction à l'attaque de Moscou revendiquée par le groupe jihadiste Daesh qui a fait au moins 137 morts ce vendredi 22 mars, Gabriel Attal a annoncé dimanche soir "rehausser" le plan Vigipirate en France à son niveau le plus élevé "urgence attentat."

"Compte tenu de la revendication de l'attentat par l'État islamique et des menaces qui pèsent sur notre pays, nous avons décidé de rehausser la posture Vigipirate à son niveau le plus élevé: urgence attentat", a indiqué le Premier ministre à l'issue d'un conseil de défense à l'Élysée. Le plan Vigipirate avait été rétrogradé au niveau 2 sur 3 ("sécurité renforcée - risque attentat") en janvier.

"De manière exceptionnelle"

Dans les faits, à quatre mois des Jeux olympiques de Paris, le rehaussement de la menace terroriste va avoir plusieurs conséquences sur le quotidien des Français. Tout d'abord, il convient de rappeler que ce troisième niveau du plan Vigipirate, créé en 2016 par François Hollande, est à durée limitée.

L'urgence attentat n'a en effet pas vocation à durer dans le temps, mais à couvrir le temps de la gestion d'une crise, notamment à la suite d'attentats, comme cela a été le cas en Russie il y a trois jours. Durant ce laps de temps, il devrait y avoir une mobilisation exceptionnelle de moyens humains avec la présence accrue des gendarmes, policiers et gendarmes de Sentinelle.

"C'est un niveau déclenché de manière exceptionnelle. Dans la doctrine sécuritaire française, il est expliqué qu'on présume qu'un attentat est en préparation sans avoir identifié ni les auteurs, ni l’endroit", confirme à BFMTV Jérôme Poirot, ancien adjoint à la coordination nationale du renseignement.

Dans les faits, en plus des patrouilles plus fréquentes dans les rues, des mesures contraignantes pourront également être prises, dont la fouille d'affaires personnelles avant l'entrée dans des centres commerciaux ou des cinémas. Ces contrôles pourront également être effectués devant les lieux de culte ou encore les établissements scolaires.

Mobiliser la population

Le rehaussement du plan Vigipirate est également l'occasion de mobiliser la population française, en diffusant des informations susceptibles de protéger les citoyens via des affiches ou des messages vocaux, mais en incluant également ces derniers dans un processus de sécurité.

"Ça mobilise encore davantage la population. La sécurité doit aussi reposer sur la mobilisation de la population, signaler des événements suspects, des bagages isolés... C’est une mobilisation très large", ajoute Jérôme Poirot.

Pour ce lundi, le Premier ministre "a demandé au Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, placé sous son autorité, de convoquer à la première heure une réunion associant l'ensemble des services de sécurité impactés par le rehaussement du niveau Vigipirate", ajoute-t-on du côté de Matignon.

Ce troisième niveau du plan Vigipurate avait été activé une première fois le 11 décembre 2018, à la suite de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg. Le niveau avait alors été maintenu durant 72 heures. Il a été activé pour la dernière fois le 13 octobre 2023, après le meurtre d'un professeur à Arras, tué par un fiché S radicalisé.

Depuis janvier 2015, 24 attaques terroristes ont été perpétrées, dont 10 uniquement depuis 2020, a fait savoir le ministère de l'Intérieur à BFMTV. Dans le même temps, 74 attentats ont pu être déjoués, dont 14 depuis 2020, soit un attentat islamique déjoué tous les mois et demi, précise-t-on à Beauvau. Depuis cinq ans, 1.500 personnes interpellées ont un lien direct avec le terrorisme, ajoute-t-on.

Article original publié sur BFMTV.com