Fonds Marianne : l’attitude de Schiappa au Sénat dénoncée par les proches de Samuel Paty

Marlène Schiappa auditionnée par la commission d’enquête sénatoriale sur le Fonds Marianne, le 14 juin 2023 
Marlène Schiappa auditionnée par la commission d’enquête sénatoriale sur le Fonds Marianne, le 14 juin 2023

POLITIQUE - Une partie de la famille de Samuel Paty, professeur assassiné en octobre 2020 dans un attentat islamiste, a critiqué ce jeudi 15 juin les « manœuvres d’évitement » de Marlène Schiappa lors de son audition devant la commission d’enquête sénatoriale sur la gestion du fonds Marianne.

« Elle tente de dégager sa responsabilité, elle ne répond pas aux questions. Ce fonds a été créé suite à l’assassinat de Samuel Paty, le nom de Samuel Paty est largement usité dans les prétendus travaux du fonds, ces fonds ont été détournés, c’est purement et simplement abject », a déclaré sur Radio classique leur avocate, maître Virginie Le Roy.

Selon elle, la secrétaire d’État, sur la défensive, n’a apporté « aucune réponse » : « Ce n’est pas digne du sujet, pas digne d’une ministre », a encore asséné Me Le Roy.

Lancé le 20 avril 2021 par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, après le choc causé par l’assassinat de Samuel Paty, ce fonds a été initialement doté de 2,5 millions d’euros. Il visait à financer des associations promouvant les valeurs de la République pour lutter contre le « séparatisme » et l’islam radical sur les réseaux sociaux. Trois ans après sa création, il est au cœur de deux enquêtes, judiciaire et parlementaire, et critiqué par la famille de Samuel Paty.

Schiappa et Sifaoui face aux sénateurs.

Lors de son audition ce mercredi, Marlène Schippa avait déjà suscité l’agacement des sénateurs qui l’accusaient à demi-mot de se défausser. « Ce qui continue de m’étonner c’est que vous ne prenez jamais de décision. Vous la prenez, c’est l’administration, le cabinet ne vous alerte pas, vous dites que vous n’avez pas de notes… », s’est notamment étonné l’élu LR Jean-François Husson, rapporteur de la commission.

« Je ne me défausse pas, je ne dérobe pas, j’entends endosser ma responsabilité. Toute ma responsabilité mais aussi rien que ma responsabilité. (...) J’ai énormément de défauts mais certainement pas celui de me dérober », assène-t-elle en réponse.

Ce jeudi, c’était au tour du journaliste Mohamed Sifaoui de passer sur le grill de la commission d’enquête. Celui dont le domicile a été perquisitionné dans le cadre de l’enquête pour des soupçons de détournements de fonds a, lui aussi, botté en touche. Surtout, il a plutôt chargé Marlène Schiappa, lui reprochant un manque de « courage ».

« Je me sens trahi aujourd’hui par les mensonges, les approximations et la politique de l’amnésie menée dans ce dossier », a-t-il lancé en livrant sa version des faits. Et d’asséner plus tard : « Ma première erreur, c’est d’avoir fait confiance à Madame Schiappa. »

Une commission d’enquête sur l’affaire Paty

Le Sénat devrait par ailleurs donner son feu vert à la création d’une commission d’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020 à la sortie de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par un jeune islamiste radical.

La conférence des présidents du Sénat en a acté le principe mercredi avant un vote en séance plénière attendu jeudi. « C’est un soulagement mais aussi le désir ardent que soit répondu à des questions », a commenté Me Le Roy. Cette commission d’enquête est demandée par une partie de la famille Paty qui souhaite faire établir « les failles » qui ont permis l’assassinat de l’enseignant.

L’avocate a évoqué « des dysfonctionnements à tous les niveaux, concernant aussi bien le ministère de l’Éducation nationale que celui de l’Intérieur. Un loupé général, avec des conséquences dramatiques ».

Selon elle, Samuel Paty avait été « ostracisé au sein de son établissement », « traité comme le paria » par certains fonctionnaires de l’Éducation nationale et « on lui a dit qu’il avait mal fait son boulot ».

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