Fonds Marianne contre le séparatisme: les signalements transmis au parquet financier

Trois signalements ont été adressés à la procureure de Paris concernant l'utilisation du fonds Marianne, lancé par Marlène Schiappa. Il aurait surtout bénéficié à plusieurs structures

Trois signalements ont été adressés à la procureure de Paris concernant l'utilisation du fonds Marianne, lancé par Marlène Schiappa. Il aurait surtout bénéficié à plusieurs structuresLes signalements adressés à la procureure de Paris sur l'utilisation du fonds Marianne, lancé en 2021 par Marlène Schiappa pour lutter contre le séparatisme, ont été transmis au parquet national financier (PNF), a indiqué vendredi le parquet.

Le PNF a confirmé à l'AFP "la réception (vendredi) de trois signalements transmis par le parquet de Paris sur l'utilisation du fonds Marianne, qui sont actuellement à l'analyse".

Ces trois signalements ont été envoyés à la justice après les révélations de l'hebdomadaire Marianne, France 2 et Mediapart sur la gestion opaque de ce fonds doté de 2,5 millions d'euros lancé par Marianne Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, et qui aurait profité principalement à quatre structures.

Des fonds dont l'utilisation interroge

La principale bénéficiaire, à hauteur de 355.000 euros, serait l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), selon l'enquête conjointe de Marianne et de France 2 diffusée le 29 mars.

Or cet argent n'aurait servi qu'à alimenter un site internet et des publications très peu suivies sur les réseaux sociaux, selon l'enquête des deux médias.

Il aurait également permis de salarier à hauteur de 120.000 euros deux ex-dirigeants de l'USEPPM dont Mohamed Sifaoui, auteur de livres sur l'islam politique et le terrorisme.

Anne Hidalgo notamment visée

Le président du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), Christian Gravel, avait adressé un signalement au parquet.

Mediapart avait ensuite révélé que plusieurs personnalités de gauche, dont la maire de Paris Anne Hidalgo, avaient été dénigrées dans des contenus de Reconstruire le commun, structure qui "a touché plus de 300.000 euros d'argent public, alors qu'elle venait d'être créée et n'avait aucune activité connue".

Anne Hidalgo et la cheffe des députés LFI Mathilde Panot avaient à leur tour saisi la justice.

Un fonds créé après le meurtre de Samuel Paty

Après l'assassinat de Samuel Paty, professeur décapité le 16 octobre 2020 par un jeune homme radicalisé, Marlène Schiappa avait annoncé en avril 2021 la création de ce "fonds Marianne pour la République", visant à financer des personnes et associations qui porteraient "des discours pour promouvoir les valeurs de la République et pour lutter contre les discours séparatistes notamment sur les réseaux sociaux et plateformes en ligne".

Dix-sept dossiers ont été retenus, avait annoncé en juin 2021 le CIPDR, mais pour des "raisons de sécurité", la liste des bénéficiaires a été gardée secrète.

Les révélations sur la gestion de ce fonds ont suscité une vive polémique. Les députés RN ont demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire, tout comme le groupe PS du Sénat.

"Parler de détournement d'objet ou de financement de campagne est faux et mensonger", avait réagi auprès de l'AFP le cabinet de Marlène Schiappa, précisant avoir saisi l'Inspection générale de l'administration d'un audit sur ce dossier.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO-Qui est impliqué dans l'affaire du "fonds Marianne"?