“Flee”, un poignant voyage dans les souvenirs d’un réfugié afghan

Le visage d’Amin occupe le champ de la caméra. Les yeux fermés, il prend une inspiration, tente de se détendre. Hors champ, son interlocuteur, le cinéaste danois Jonas Poher Rasmussen, lui demande de définir le mot maison. Réponse de l’intéressé : “Un endroit où l’on se sent en sécurité.”

C’est l’une des scènes qui ouvrent Flee (“Fuir”), le nouveau long-métrage de Rasmussen, qui sort ce 31 août en France.

Une histoire racontée pour la première fois

Amin et Jonas se connaissent depuis plus de vingt ans. “Les deux hommes sont devenus inséparables à l’adolescence, quand Amin est arrivé au Danemark après avoir fui l’Afghanistan, un périple qui est rapidement devenu mythique dans leur entourage. La rumeur voulait qu’il ait été accompli entièrement à pied, dans des circonstances tragiques”, résume The Washington Post. Amin, disait-on, avait perdu toute sa famille sur la route de l’exil.

À la demande de son ami cinéaste, pour la première fois, Amin se risque à raconter en détail son histoire éprouvante. Celle d’un gamin de Kaboul qui a dû fuir son pays dans les années 1980, après le retrait des troupes soviétiques d’Afghanistan et l’assassinat de son père par les moudjahidines. Celle aussi d’un adulte qui a réussi une carrière universitaire au Danemark et qui hésite à emménager avec son fiancé, après avoir longtemps cru qu’il ne pourrait jamais vivre son homosexualité au grand jour.

Le film comme un espace sécurisé

L’une des premières précautions de Rasmussen a été de créer un film qui serait un “espace protégé” pour Amin, explique The Washington Post. Un lieu où son ami se sentirait libre d’explorer ses souvenirs, ses traumatismes, ses émotions. De fait, Amin est un pseudonyme, et nous ne voyons jamais son visage en prise de vue réelle. À l’écran, lui et Jonas sont des personnages dessinés.

Ce dispositif choisi par Rasmussen, venu de la radio, enchante nombre de critiques, à commencer par celui du site spécialisé américain The A.V. Club : “Plus que jamais, Flee rappelle à quel point l’usage de l’animation pour des films documentaires apporte une autre dimension à la narration”, écrit-il. En recourant “à une grande diversité de techniques – des esquisses minimalistes crayonnées, des illustrations en 2D et même des extraits d’archives de journaux télévisés”, Rasmussen et son équipe parviennent à “captiver” le public et à l’entraîner “au cœur du récit à la première personne d’un réfugié afghan qui ne s’est jamais complètement remis de son enfance traumatique”, souligne-t-il.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :