Fiona Scott Morton à Bruxelles : Emmanuel Macron se dit « dubitatif » au sujet de cette nomination

POLITIQUE - Dubitatif, pour ne pas dire plus. Emmanuel Macron a expliqué, ce mardi 18 juillet, pourquoi la nomination de l’Américaine Fiona Scott Morton au poste d’économiste en chef à la direction générale de la Concurrence à Bruxelles le laisse perplexe. Il s’agit d’une question, entre autres, d’autonomie stratégique de l’Union européenne.

« Est-ce qu’il n’y a aucun grand chercheur académique européen qui permettrait de faire ce travail ? Si c’est ce constat que nous tirons, il est extrêmement inquiétant, il nous faut investir massivement dans la recherche », a-t-il d’abord expliqué à la presse, depuis Bruxelles, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus, avant d’évoquer tour à tour le parcours de Fiona Scott Morton au sein de nombreuses firmes américaines et la nécessité de préserver le principe de « réciprocité ».

La France en pointe sur les critiques

« Il se trouve qu’elle a été embauchée par beaucoup d’entreprises, elle a été amenée à s’exprimer sur beaucoup de situations qui fait qu’elle devrait se mettre en retrait de ces situations. Ce qui rend assez inopérant ce pour quoi on l’embauche », a constaté le chef de l’État, se disant, pour toutes ces raisons, « dubitatif ».

La déclaration d’Emmanuel Macron intervient juste avant une audition de la vice-présidente de l’exécutif européen, Margrethe Vestager, devant les députés du Parlement européen en fin d’après-midi.

Elle vient ponctuer la longue liste des réactions indignées provoquées, en France, par l’annonce de cette nomination la semaine dernière. La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait demandé à la Commission de revoir ce choix, sans succès. Cette dernière a rejeté cette demande, soulignant qu’elle ne voyait « pas de raison » de reconsidérer cette décision.

Entre-temps, plusieurs élus ont épinglé les anciennes fonctions de l’experte en question comme responsable de l’analyse économique à la division antitrust du ministère américain de la Justice, entre 2011 et 2012, ou de consultante pour des grands groupes de la tech comme Amazon, Apple et Microsoft. Beaucoup s’inquiètent de possibles conflits d’intérêts et le risque d’une ingérence de Washington dans des décisions de l’UE.

« Je pense que les Européens ont besoin de développer des compétences européennes, d’avoir une autonomie stratégique (...), il faut avoir une autonomie de pensée », a encore soufflé Emmanuel Macron ce mardi à Bruxelles, particulièrement critique. Or, le recrutement de Fiona Scott Morton « n’est pas forcément la décision la plus cohérente à cet égard », a-t-il insisté.

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