Quand la fin du masque obligatoire coïncide avec l’arrivée du printemps

N’imaginez pas ce printemps des pays tempérés avec son léger soleil couleur de beurre frais et ses bourgeons éclatant en feuilles vert tendre. En Chine subtropicale, le printemps se signale par l’arrivée des brumes et des brouillards, un air saturé d’eau qui vous surprend un matin au réveil.

Hong Kong est une ville tout en hauteurs, en gratte-ciel serrés les uns contre les autres comme des allumettes de verre. Assise sur les eaux de la mer de Chine du Sud, elle s’adosse aux collines verdoyantes qui la dominent et que l’on appelle ici des “montagnes”. La nuit, illuminée, elle fascine par sa densité et parce qu’elle évoque un monde de science-fiction qui semble né de nos rêves, un peu comme les villes fantastiques, Atlantides oubliées, des bandes dessinées.

Le printemps, traditionnellement, va de pair avec le nouvel an chinois, qui se clôturait autrefois sur la fête des lanternes, occasion pour les amoureux d’échanger devinettes et billets doux, et que certains célèbrent encore avec une pudeur délicate.

Une ville flottant au-dessus des nuages

Après le nouvel an chinois, donc, les brumes sont revenues, effaçant les lointains, gommant la ville elle-même. C’est un spectacle extraordinaire, comme si un démiurge effaçait toute une métropole d’un large coup de pinceau trempé de gris. La couche est si épaisse qu’il n’y a plus ni mer, ni montagne, ni ville.

Mais quand, en fin de journée, les nuages s’ouvrent enfin, la féerie commence. Car ils s’ouvrent dans les hauteurs, chassés par une légère brise, tandis que les plus lourds forment encore une couche épaisse sur la mer. Au-dessus de cette ligne de partage, une ville entière apparaît flottant au-dessus des nuages.

J’habite au sommet d’une haute tour, sur une colline surplombante, et ce dimanche matin mon appartement flottait dans les nuages. J’étais dans une sorte de cocon blanc. La brume enveloppe, étouffe les bruits, arrondit les angles et vous soustrait du monde, comme si vous étiez une chrysalide attendant de naître. Je n’ai pu résister à prendre le chemin des montagnes, à pénétrer dans ce royaume gris où la jungle engloutie dans la brume apparaît seulement au rythme du pas du marcheur. Les arbres étaient d’une immobilité totale.

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