Le film « Le procès Goldman » raconte le procès du frère Goldman auquel on pense moins

Arieh Worthalter joue le rôle de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, dans « Le procès Goldman » de Cédric Kahn
Copyright Moonshaker Arieh Worthalter joue le rôle de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, dans « Le procès Goldman » de Cédric Kahn

CINÉMA - Le film ne fait en rien mention de ce frère qui, une poignée d’années plus tard, deviendra l’un des chanteurs français les plus populaires. À peine voit-on deux fois le visage d’un jeune acteur qui l’incarne, assis au premier rang sur un banc rigide de cette salle d’audience qui sert presque d’unique décor. Pourtant, ce jeune homme, c’est Jean-Jacques Goldman. Il assiste, comme toute sa famille, au deuxième procès de son demi-frère Pierre.

Réalisé par Cédric Kahn et en salles depuis mercredi 27 septembre, Le procès Goldman nous fait revivre cette affaire comme si on y était. Nous sommes en novembre 1975, alors que débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes.

Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient, en quelques semaines, l’icône de la gauche intellectuelle, notamment après la publication de son livre écrit en prison, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France. Simone Signoret ou Régis Debray figurent parmi les soutiens du gangster militant. Et Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine – issue que l’on ne spoilera pas, pour celles et ceux qui ne la connaîtraient pas avant d’aller voir le film au cinéma.

Avec Arthur Harari (Onoda) dans le rôle de l’avocat Kiejman et Arieh Worthalter dans celui de l’accusé Pierre Goldman, le réalisateur Cédric Kahn (Fête de famille, Vie sauvage) signe un huis clos captivant (à condition d’aimer le genre brut du film de procès) qui laisse aussi de la place à quelques moments de rire. Aidé par un grain seventies très réussi, on se retrouve vite dans le rôle d’un juré de cour d’assises, ballotté devant ce « match de langage » intense, comme le décrit le cinéaste.

Arthur Harari incarne Maître Kiejman, l’avocat de Pierre Goldman lors de son deuxième procès en novembre 1975
Moonshaker Arthur Harari incarne Maître Kiejman, l’avocat de Pierre Goldman lors de son deuxième procès en novembre 1975

Le déroulé du procès a été reconstitué par la scénariste Nathalie Hertzberg à partir des coupures journaux de l’époque, et aussi de plusieurs rencontres avec les avocats Georges Kiejman et Francis Chouraqui. Le premier, dont le plaidoyer à l’écran est « authentique au mot près », est mort le 9 mai dernier, à l’âge de 90 ans, et n’a pas vu le film terminé. Mais en 2021, il racontait dans ses mémoires intitulées L’Homme qui voulait être aimé : « Ce verdict a marqué une étape fondamentale dans ma carrière. Pendant le procès, j’étais sollicité de toutes parts. J’ai compris ce jour-là ce qu’était le quotidien d’un membre des Beatles ! »

Quant à Jean-Jacques Goldman, qui n’avait même pas encore 30 ans quand son demi-frère aîné sera assassiné en 1979 – l’affaire reste non élucidée –, le réalisateur n’a eu aucun échange avec lui. « C’est un peu un trou dans sa biographie. Je crois que c’est une histoire qu’il a éloignée de lui », dit Cédric Kahn.

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