« Le Temps d’aimer » : que vaut le film primé au dernier Festival d'Angoulême ?

Vincent Lacoste et Anaïs Demoustier dans Le Temps d'aimer, sacré meilleur film au Festival du film francophone d'Angoulême.  - Credit:
Vincent Lacoste et Anaïs Demoustier dans Le Temps d'aimer, sacré meilleur film au Festival du film francophone d'Angoulême. - Credit:

Le sexe est-il plus fort que l'amour ? Peut-on s'aimer avec des désirs contrariés ? Est-on à jamais prisonnier de son passé, de la biologie, du déterminisme social, du poids du secret ? Qu'est-ce qu'un couple, cette « folie à deux » dont Roland Barthes a tenté de percer les mystères dans ses Fragments d'un discours amoureux ?

Telles sont les questions, nombreuses, que pose Katell Quillévéré (Suzanne, Réparer les vivants… et la série Le monde de demain sur Arte) dans son nouveau film, Le Temps d'aimer en salle ce 29 novembre. Présenté en mai à Cannes (hors compétition), où la critique lui fit bon accueil, ce film dense et dramatique a décroché le Valois de diamant (prix du meilleur film) du Festival du film francophone d'Angoulême.

À LIRE AUSSI Fabrice Luchini électrise le Festival du film d'AngoulêmeLe Temps d'aimer s'ouvre sur des images d'archives – certaines n'avaient jamais été montrées – tournées à la Libération. Elles sont insoutenables et abjectes. Des hommes, pour la plupart d'entre eux résistants de la dernière heure, ou planqués, tondent des femmes maintenues de force devant une foule haineuse et hilare. On les arrose au jet d'eau, on les contraint à faire le salut nazi, on les agonit d'insultes, on les défigure et on les déshabille à moitié…

Puis, dans un collage subtil, le film passe sans que l'on s'en rende compte du réel à la fiction. Madeleine (Anaïs Demoustier) est l'une de ces « poules à boches ». Pourchassée par la meute, elle se précipite c [...] Lire la suite