On a visité la maison de Serge Gainsbourg, fermée pendant 30 ans, et qui ouvre enfin ses portes au public

On a visité la maison de Serge Gainsbourg, fermée pendant 30 ans, et qui ouvre enfin ses portes au public

Plus de 30 ans après la mort de Serge Gainsbourg, sa maison, située au 5 bis rue de Verneuil à Paris semble restée intacte: des fruits secs et gâteaux trônent encore sous cloche dans la cuisine, des gitanes sans filtre sont écrasées dans le cendrier du salon et des barres chocolatées entamées sont toujours conservées dans le frigo.

Fermée et sanctuarisée à la mort de Gainsbourg en 1991, cette demeure dans laquelle ont vécu l'artiste, ses différentes compagnes et ses enfants pendant 22 ans s'apprête, dès le 20 septembre prochain, à accueillir pour la première fois du public en ses murs.

En projet depuis une trentaine d'années, cette visite immersive imaginée par Charlotte Gainsbourg plonge le spectateur au cœur de cette maison mythique, guidé par la voix de la fille de l'artiste qui revient sur ses souvenirs d'enfance. Une déambulation "à la fois pudique et exhibitionniste à l'image de Gainsbourg", assure à BFMTV Sébastien Merlet, commissaire de l'exposition et auteur du livre Le Gainsbook.

24.000 objets et archives numérisés

Au fil des anecdotes de Charlotte Gainsbourg, les visiteurs sont invités à flâner dans les 130 mètres carré de la propriété pour y découvrir ses différentes pièces, du salon au bureau en passant par la salle de bain, le dressing et la chambre, dans laquelle l'artiste a été retrouvé mort allongé sur son lit, à l'âge de 62 ans.

Plusieurs meubles et objets de Serge Gainsbourg sont également accessibles au public tels que son célèbre Steinway sur lequel Charlotte a appris le piano, son frigidaire transparent dans la cuisine - une pièce unique réalisée sur mesure pour l'artiste - ou encore le canapé du salon où l'on distingue encore la silhouette de Gainsbourg.

"On a recensé et pris en photo chaque objet et archive de presse, partitions, manuscrits... qu'il y avait dans la maison, et réalisé des fiches explicatives pour dire où on l'avait trouvé. Au total, on a fait près de 24.000 numérisations", précise Sébastien Merlet, arrivé en 2020 sur le projet.

"Tout cela était un énorme puzzle à recomposer pour remettre la maison en place telle qu'elle était [...] car Gainsbourg était très obsessionnel sur l'ordre. Un visiteur pouvait déplacer un cendrier de 10cm, il repassait derrière pour le remettre à sa place dans une orientation bien particulière avec des codes esthétiques dont seul lui avait le secret. Cette maison c'était un musée avant même d'être ouvert comme tel", assure le commissaire.

Et d'ajouter: "Cette maison n'est pas qu'un décor, ni qu'un lieu de vie ou qu'un lieu de travail, c'est vraiment une composante à part entière de son œuvre et quelque chose qu'il nous laisse comme ses chansons, ses films ou son livre..."

"On a de quoi faire 15 musées comme celui-ci"

Outre la maison de Serge Gainsbourg, le public pourra compléter son parcours en visitant un musée consacré à l'artiste situé au 14 rue de Verneuil. Comme l'indiquait Charlotte Gainsbourg à BFMTV en avril, ce lieu "retracera la vie de mon père à travers ses œuvres et sa collection de pièces emblématiques" et proposera "une librairie-boutique et le Gainsbarre, un café et piano-bar".

De nombreux objets, manuscrits, magazines et partitions de Serge Gainsbourg ont été transférés de son domicile aux vitrines de ce musée "pour que les gens puissent les voir de près", explique Sébastien Merlet.

"Contre l'idée reçue que Gainsbourg était quelqu'un de très peu matérialiste, on s'est rendu compte qu'il conservait quasiment toute la presse le concernant depuis les années 1980, des manuscrits, des partitions [...] On a de quoi faire 15 musées comme celui-ci", plaisante le commissaire.

Si les visites pour le 5 bis rue de Verneuil sont toutes complètes jusque fin décembre, plusieurs créneaux pour le musée restent encore disponibles sur le site de la maison Gainsbourg, précise Sébastien Merlet. Le commissaire conseille également aux fans de rester à l'affût pour de nouvelles disponibilités dès janvier et précise que certaines parties de l'exposition sont susceptibles d'évoluer au fil des mois.

"L'exposition à la lumière de certains objets fait que l'on doit mettre en place un roulement, conclut Sébastien Merlet. On aimerait aussi enregistrer des parcours avec d'autres personnes, notamment Bambou. J'avais également souhaité que Jane Birkin nous fasse la visite mais ça c'est un regret éternel."

Article original publié sur BFMTV.com