Pour les femmes, “l’âge de la poche” est-il enfin arrivé ?
Lorsqu’elle travaillait sur son livre, paru en septembre, l’autrice américaine Hannah Carlson n’aurait jamais imaginé qu’il intéresserait tant de monde, se souvient-elle dans le quotidien britannique The Guardian.
Et pour cause : Pockets. An Intimate History of How We Keep Things Close (“Les Poches. Une histoire intime de la façon dont nous gardons les choses proches”, inédit en français) est entièrement consacré… aux poches des vêtements.
Comme le note The Guardian, en ce moment se développe un mouvement qui dénonce le manque de poches sur les vêtements pour femmes, de la haute couture aux marques populaires.
“Les femmes veulent des poches ! Il n’y a rien de pire que de vouloir mettre ses mains dans ses poches par réflexe et de se rendre compte qu’il n’y en a pas.”
Hannah Knight, designeuse pour la marque Birdsnest, dans le quotidien australien “The Canberra Times”
Aujourd’hui encore, beaucoup de créateurs estiment que les poches gâchent la silhouette d’une robe, explique le Guardian. Et voilà tout le problème : l’aspect technique est exclu de la conception des vêtements pour femmes, contrairement à ceux destinés aux hommes.
Cette distinction vestimentaire a pris racine il y a longtemps.
Au Moyen Âge, “tout le monde” portait ses poches à la ceinture, rappelle le Guardian. Puis, il y a cinq cents ans, on a commencé à les coudre directement sur les pantalons des hommes.
C’est à ce moment-là que “les ennuis ont commencé” pour les vêtements féminins.
Autrefois, les poches étaient traditionnellement cousues à l’intérieur des habits. Il était mal vu de rendre visibles des accessoires considérés comme privés.
Elles ont donc quasiment disparu, explique Hannah Carlson dans un article qu’elle a rédigé pour le média spécialisé Literary Hub.
Au XXe siècle, cette question vestimentaire devient politique.
En 1913, un article du quotidien San Francisco Chronicle relève que les suffragettes incluent les poches dans la lutte pour l’émancipation des femmes.
Diana Vreeland, la célèbre rédactrice en chef du Vogue américain, disparue en 1989, a consacré un numéro entier du magazine aux poches.