Pour les femmes, “l’âge de la poche” est-il enfin arrivé ?

Lorsqu’elle travaillait sur son livre, paru en septembre, l’autrice américaine Hannah Carlson n’aurait jamais imaginé qu’il intéresserait tant de monde, se souvient-elle dans le quotidien britannique The Guardian.

Et pour cause : Pockets. An Intimate History of How We Keep Things Close (“Les Poches. Une histoire intime de la façon dont nous gardons les choses proches”, inédit en français) est entièrement consacré… aux poches des vêtements.

Comme le note The Guardian, en ce moment se développe un mouvement qui dénonce le manque de poches sur les vêtements pour femmes, de la haute couture aux marques populaires.

Un jean porté dans les rues de New York, en septembre 2021. Comme le rapporte “The Guardian”, les objets de la vie quotidienne, comme les clés et le téléphone, sont devenus petits. Il semble donc aujourd’hui logique de porter ses affaires dans ses poches et de se passer de sac à main. . PHOTO OK MCCAUSLAND/THE NEW YORK TIMES
Un jean porté dans les rues de New York, en septembre 2021. Comme le rapporte “The Guardian”, les objets de la vie quotidienne, comme les clés et le téléphone, sont devenus petits. Il semble donc aujourd’hui logique de porter ses affaires dans ses poches et de se passer de sac à main. . PHOTO OK MCCAUSLAND/THE NEW YORK TIMES

“Les femmes veulent des poches ! Il n’y a rien de pire que de vouloir mettre ses mains dans ses poches par réflexe et de se rendre compte qu’il n’y en a pas.”

Hannah Knight, designeuse pour la marque Birdsnest, dans le quotidien australien “The Canberra Times

Aujourd’hui encore, beaucoup de créateurs estiment que les poches gâchent la silhouette d’une robe, explique le Guardian. Et voilà tout le problème : l’aspect technique est exclu de la conception des vêtements pour femmes, contrairement à ceux destinés aux hommes.

Cette distinction vestimentaire a pris racine il y a longtemps.

Au XVIIIe siècle, les poches des femmes n’étaient pas directement cousues sur les vêtements. Elles étaient donc portées attachées à la taille. . PHOTO MET MUSEUM
Au XVIIIe siècle, les poches des femmes n’étaient pas directement cousues sur les vêtements. Elles étaient donc portées attachées à la taille. . PHOTO MET MUSEUM

Au Moyen Âge, “tout le monde” portait ses poches à la ceinture, rappelle le Guardian. Puis, il y a cinq cents ans, on a commencé à les coudre directement sur les pantalons des hommes.

C’est à ce moment-là que “les ennuis ont commencé” pour les vêtements féminins.

Autrefois, les poches étaient traditionnellement cousues à l’intérieur des habits. Il était mal vu de rendre visibles des accessoires considérés comme privés.

Elles ont donc quasiment disparu, explique Hannah Carlson dans un article qu’elle a rédigé pour le média spécialisé Literary Hub.

Au XXe siècle, cette question vestimentaire devient politique.

En 1913, un article du quotidien San Francisco Chronicle relève que les suffragettes incluent les poches dans la lutte pour l’émancipation des femmes.

Les sufragettes américaines General Rosalie Jones, Jessie Stubbs et Colonel Ida Craft. Au XXe siècle, elles forment un mouvement pour que les femmes obtiennent le droit de voter. En 1920, les États-Unis ratifient le 19e amendement de la Constitution, ouvrant le droit de vote aux femmes. . Photo George Grantham Bain Collection/Library of Congress
Les sufragettes américaines General Rosalie Jones, Jessie Stubbs et Colonel Ida Craft. Au XXe siècle, elles forment un mouvement pour que les femmes obtiennent le droit de voter. En 1920, les États-Unis ratifient le 19e amendement de la Constitution, ouvrant le droit de vote aux femmes. . Photo George Grantham Bain Collection/Library of Congress

Diana Vreeland, la célèbre rédactrice en chef du Vogue américain, disparue en 1989, a consacré un numéro entier du magazine aux poches.

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