Faut-il travailler les tirs au but? Les entraîneurs de Ligue 1 sont partagés

La sortie remontée de Didier Deschamps ce jeudi lors de l'annonce de sa liste, sur les tirs au but était assez inattendue. Réagissant à la prise de parole du DTN de la Fédération française de football Hubert Fournier quant à la mise en place d'un processus chez les Bleus pour progresser dans l'exercice, le sélectionneur tricolore en a profité pour mettre les choses au clair.

"On ne peut pas tout maîtriser", plaide Deschamps

Non, il n'a pas aimé cette prise de position - "il n'est pas prévu qu'on parle des tirs au but pendant le rassemblement" - et oui, c'est bien un exercice qui se travaille mais les conditions ne seront jamais identiques entre l'entraînement et les matchs. "Il faut comprendre qu'être à l'entraînement et tirer un penalty ou après 120, 130 ou 140 minutes, il y a aussi des données psychologiques qui peuvent entrer en ligne de compte. Ou le joueur se sent ou pas parce qu'en face il a un gardien qu'il connaît, en club ou pas. Il y a un état psychologique où ils ne se sentent pas, il faut s'adapter. Avec tous ces éléments-là, on a le terme de loterie, parce qu'on ne peut pas tout maîtriser."

"Des conditions qui impactent mais un geste qui se répète" pour Gourvennec

Après cette prise de position, plusieurs coachs de Ligue 1 ont été interrogés sur leurs rapports aux tirs au but. Jocelyn Gourvennec, l'entraîneur de Nantes, a été le premier à donner sa version, en amont de la rencontre contre Strasbourg (samedi à 17 heures).

"Les penaltys, oui ça se travaille. Il faut se conditionner même si le contexte est toujours différent. Quand tu tires un penalty dans un stade de 60.000 personnes et que tu te fais siffler, ce sont des conditions qui impactent mais c'est un geste qui se répète. On voit parfois des joueurs qui s'occupent du gardien mais qui finalement la mettent là où part le gardien donc je ne vois pas l'intérêt. C'est un travail mental aussi de s'occuper de son ballon, de visualiser le filet qui tremble et de se concentrer sur son geste. Tu le frappes bien là où tu as décidé, le gardien pourra faire ce qu'il veut, il ne l'arrêtera pas. Tout le monde le travaille, alors après à petite dose à grosse dose peu importe, mais j'ai rarement vu Didier Deschamps se laisser faire."

Fatigue mentale, physique, pression du public...

L'entraîneur de l'AS Monaco Adi Hütter a, quant à lui, exprimé moins de certitudes quant à savoir comment s'y prendre. "C'est dur de répondre, comment s'entraîner? Ce n'est pas la même situation en fin d'entraînement ou en match, comme en Coupe d'Europe. Il y a aussi la fatigue qui peut venir après plus de 120 minutes à jouer, les émotions... On ne peut pas s'entraîner à ça. On peut en tirer 50 sans pression parfaitement et après avec la fatigue, la pression, le public, ce n’est plus la même chose. Mais je pense que c’est peut-être mental."

L'entraîneur de Montpellier Michel Der Zakarian a, lui, semblé rejoindre Deschamps sur l'aspect difficilement prévisible d'une séance de tirs au but en match officiel. "Les penaltys, tu peux les travailler 100 ans, 200 ans, ce que tu veux… Il y a la fatigue, il y a le mental, le physique... Quand tu tentes à l’entraînement, tu tires, tu manques, ce n’est pas grave. En match, ce n'est pas la même. Tout change selon si tu as un grand gardien devant toi qui prend beaucoup de place, le public... Ce ne sont pas les mêmes données."

Article original publié sur RMC Sport