Équipe de France: la FFF lance un processus pour progresser (et gagner) aux tirs au but
Changer les choses. La Fédération française de football a choisi de mettre en place un processus pour que ses équipes progressent dans l'exercice des tirs au but. Une initiative qui s'appuie sur un constat limpide: les résultats des équipes de France en la matière sont largement perfectibles.
Les Bleus de Didier Deschamps restent en effet sur deux échecs à l’Euro 2021 puis lors du Mondial 2022 quand les féminines dirigées par Hervé Renard ont aussi été éliminées après une séance riche en suspense et que les U17 de Jean-Luc Vanucchi ont perdu les finales de l'Euro et de la Coupe du monde chez les juniors.
Selon les informations de RMC Sport, ce sujet a été abordé lors du séminaire des différentes sélections (excepté pour les A de Deschamps). L’idée est que les staffs alimentent la réflexion pour que la France s’améliore dans cet exercice. Un travail semblable à celui qui est déjà effectué pour les coups de pieds arrêtés. Une véritable stratégie globale qui devrait être mise en place dès le mois de mars.
"On a pris le parti de revoir un peu tout le processus", a détaillé le DTN Hubert Fournier ce vendredi auprès de RMC Sport.
Au centre de ce plan: le sélectionneur ou l'entraîneur. "C’est lui qui est le responsable et tout part de lui. A la fois la mise en place, les semaines ou les jours avant la possible séance de tirs au but, pour préparer les joueurs. Il devra leur proposer un scenario en essayant au maximum de contextualiser la séance de tirs au but. Et puis il devra leur proposer des exercices variés qui leur permettront de créer de la confiance personnelle chez les tireurs. Et puis il faudra aussi préparer, au même titre que celle pour le match, une vraie stratégie en lien avec cette spécificité qu’est le tir au but."
"Que l'entraîneur ait les idées très claires sur quelles sont les demandes et sur qui va tirer"
Passé maître tacticien dans la préparation des matchs, Didier Deschamps devra ainsi peaufiner son plan pour les tirs au but et ne plus se cacher derrière la rengaine de la "loterie". Du côté de la DTN, on ne veut rien laisser au hasard et on compte donc sur les différents techniciens pour préparer les mots à dire aux joueurs avant la séance. Le tout avec minutie pendant les moments-clés. En clair, sur le plan émotionnel, l’ensemble de l’effectif doit être préparé.
"Là aussi, la volonté c’est que l’entraîneur crée de la confiance pour ses joueurs et pour son groupe. En ayant les idées très claires, en sachant avec son staff qui fait quoi pendant ce laps de temps. On a calculé, il y a entre cinq et six minutes entre le coup de sifflet de l’arbitre et le premier tireur", a poursuivi l'ancien entraîneur de Reims et de l'Olympique Lyonnais. "Donc pendant ces cinq ou six minutes, il faut que le staff et le sélectionneur ou l’entraîneur ait les idées très claires sur quelles sont les demandes et sur qui va tirer. Et puis, durant cette période qui est très courte, il faudra être en capacité de donner de la confiance à son groupe et ça c’est capital."
Une séance de tirs au but se prépare avec 11 joueurs
Le sélectionneur et son staff ne sont pas les seuls à devoir travailler pour préparer une séance de tirs au but selon la DTN de la FFF. Comme Hubert Fournier l'a aussi précisé, il convient que tous les joueurs soient impliqués. Et pour cause, les onze personnes présentes sur la pelouse sont susceptibles de tirer.
"On insiste aussi sur le fait que cela concerne onze joueurs", a continué celui qui travaille à la DTN depuis 2017. Donc il n’y aura pas d’échappatoire comme 'ah bah moi je suis un peu…' ou 'non je ne me sens pas…' car on voit bien que pour les filles, on est arrivé jusqu’à la fin et tout le monde a été obligé de tirer (au Mondial 2023 contre l’Australie, ndlr). Donc il faut bien faire comprendre que tout le monde va être amené à tirer."
La DTN veut en finir avec "les sauveurs de la patrie"
Pas question non plus de laisser certains joueurs vouloir tirer la couverture sur eux en marquant le tir au but décisif en dernière position. Et pour cause, il est fréquent qu'une séance se termine avant le cinquième tireur. Sur ce point aussi, la DTN a identifié des éléments à améliorer et à cibler.
"L’autre chose aussi c’est de choisir les joueurs qui vont tirer en premier, deuxième, troisième, quatrième", a enchaîné le technicien de 56 ans pour RMC Sport. "On s’aperçoit que certains veulent un peu être les sauveurs de la patrie en tirant en cinquième mais 20% des séances de tirs au but finissent avant. Donc on cible plutôt les places trois et quatre qui sont peut-être celles des joueurs charnière et en capacité d’assumer ces tirs au but."
Renard très ouvert, Deschamps impliqué en mars
L’instance a déjà sensibilisé son équipe féminine avant les Jeux Olympiques. Hervé Renard s’est toujours montré très ouvert à cette idée. Avant leur quart finale lors du dernier Mondial contre l'Australie, toutes ses joueuses avaient chacune tiré 60 tirs au but avant la séance fatidique.
Quant à l’équipe de France A de Didier Deschamps, le DTN a prévu d’évoquer le sujet avec la sélection lors du prochain rassemblement en mars. Histoire, peut être, que le champion du Monde 1998 revienne sur son idée de ne pas travailler les pénaltys. Franck Raviot, coach des gardiens chez les A, a déjà été consulté sur la question et y semble favorable.
Et Hubert Fournier de conclure sur le rôle des gardiens dans ce gros processus: "Il y a aussi un grand travail à faire avec les gardiens qui sont aussi un élément capital dans la réussite des tirs au but. Il y a aussi une stratégie à mettre en place avec les entraîneurs des gardiens pour qu’ils aient aussi une connaissance des tireurs pour créer de la confiance, et puis une stratégie d’influence vis-à-vis de l’adversaire."