La « fatigue informationnelle » touche un Français sur deux

“Il y a de la fatigue physique, c’est certain, car on bouleverse complètement nos rythmes depuis plus d’un an. Mais à celle-ci s’ajoute une fatigue émotionnelle, car ce que l’on a vécu pendant plusieurs mois est difficile
Westend61 via Getty Images “Il y a de la fatigue physique, c’est certain, car on bouleverse complètement nos rythmes depuis plus d’un an. Mais à celle-ci s’ajoute une fatigue émotionnelle, car ce que l’on a vécu pendant plusieurs mois est difficile"

Westend61 via Getty Images

53% des Français se disent épuisés par la surinformation médiatique.

MÉDIA - Trop plein d’informations. Plus de la moitié des Français se disent fatigués par des actualités qui se répètent dans les médias, révèle une étude de l’observatoire Obsoco, en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurés et Arte, publiée ce jeudi 1er septembre. L’enquête parle même d’un « problème de santé publique et démocratique ».

La surcharge informationnelle a déjà été largement documentée depuis les années 60. En 1996, l’écrivain et cinéaste américain David Shenk lui donnait le nom d’« infobésité ». Le scientifique français Joël de Rosnay, spécialiste de l’impact des nouvelles technologies sur les industries, la décrivait comme « une nouvelle forme de pollution des cerveaux par l’excès d’information ». Et l’essor des technologies du XXIe siècle a amplifié le phénomène.

Le paysage médiatique fragmenté ne séduit plus

En effet, la multiplication des supports pose problème. Entre télévision, radio, presse écrite, mais aussi smartphones et tablettes, les Français utilisent en moyenne plus de 8 sources différentes pour s’informer ; chaque jour, ils en utilisent 3,2. L’info est partout et tous les sens sont sollicités, de quoi grandement fatiguer les esprits.

Ainsi, 53% des Français disent souffrir de « fatigue informationnelle », dont « 38 % en souffrent beaucoup », selon cette étude. Ils disent avoir l’impression de lire toute la journée les mêmes informations. Par ailleurs, 59% de la population française estime qu’il y a trop d’informations dans les médias.

Parmi les plus fatigués, la moitié éprouve ce que l’on appelle le FOMO, Fear of missing out, ou la peur de manquer une information. Cette boulimie d’actualité les mène à un besoin incompressible de cliquer sur des titres « même s’ils savent d’avance que ce sont des informations futiles ». Cette compulsion touche 68% des plus fatigués.

Du « boulimique de l’info » à l’hyperconnecté

Pour mieux comprendre les différentes formes de fatigue liée à la surinformation, l’étude distingue cinq profils. Le type le plus courant est le « défiant oppressé » qui représente 35% de la population. « Ce profil est plutôt féminin avec un niveau de vie modeste et un engagement moyen dans l’information, mais avec le sentiment de la subir, d’avoir du mal à se faire une opinion, de se sentir dépassé par l’information », indique la Fondation Jean-Jaurés. Ces personnes se méfient beaucoup des médias.

Il y a aussi les « hyperconnectés épuisés », des jeunes, urbains, plutôt diplômés, qui sont tels des « accros à l’info », ils n’arrivent pas à se déconnecter de ce qui se passe sur les réseaux sociaux notamment. Mais il y a aussi des profils plus âgés et masculins, comme l’« hyperinformé en contrôle » avec une « pratique informationnelle intense » des médias traditionnels (télé, radio, journaux).

Cette étude relève aussi que les plus jeunes générations ne sont pas seules à pouvoir ressentir une fatigue face à la profusion d’information. « Quelle que soit la catégorie de population ou d’âge, l’hyperconnexion et la surexposition aux informations ne garantissent pas le fait de pouvoir s’informer sans difficulté, ni sans conséquence », appuie les auteurs.

C’est donc un problème global sur lequel les médias doivent se pencher. Les Français pourraient en effet finir par tourner le dos à l’information, comme l’atteste le sondage effectué pour l’étude : « 77% de Français déclarent qu’il leur arrive de limiter ou de cesser de consulter les informations, dont 28% régulièrement. Et c’est le cas de 90% des plus fatigués. »

Cependant, ces chiffres sont tout de même à nuancer. Pour la majorité des Français, s’informer compte. Pour 59%, il est important de s’informer régulièrement dans les médias et pour 20% c’est même « très important ».

À voir également sur Le HuffPost : « Allergique à la gravité », cette Américaine doit passer 23 heures par jour au lit

Vous ne pouvez visionner ce contenu car vous avez refusé les cookies associés aux contenus issus de tiers. Si vous souhaitez visionner ce contenu, vous pouvez modifier vos choix.

Lire aussi :

Lire aussi