Se faire recruter par un algorithme : bientôt la nouvelle norme ?

En Australie, comme dans de nombreux pays anglo-saxons, les entreprises ont de plus en plus recours à des outils d’intelligence artificielle (IA) pour recruter. Selon The Guardian, le phénomène est nouveau mais se généralise. Il existerait d’ailleurs “plus de 250 logiciels commerciaux de recrutement via l’IA utilisés en Australie”. En 2022, une entreprise australienne sur trois a déclaré les avoir utilisés pour pourvoir des postes, ce qui leur permet d’automatiser une partie du processus de recrutement et donc de gagner de l’argent, mais laisse souvent les candidats pour le moins perplexes.

Pour John Shields, professeur en gestion des ressources humaines et d’études organisationnelles à la Business School de l’université de Sydney, ce phénomène a du bon, car cela permet une gestion rapide et efficace d’un grand nombre de candidatures et donc la diminution du risque d’une mauvaise embauche.

Un processus opaque et biaisé

Les candidats, eux, pointent du doigt les problèmes de biais dans la sélection par une IA. En effet, “des recherches récentes ont révélé que les demandes d’emploi évaluées par l’IA renforcent les préjugés à l’égard des femmes et des minorités culturelles”, si bien que les autorités australiennes ont annulé des promotions dans le secteur public, car elles n’avaient été fondées que sur des évaluations automatisées. Sue Williamson, professeure associée en gestion des ressources humaines à l’université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW) cite une étude menée chez Amazon, qui a prouvé que “l’IA privilégie les CV des hommes, au détriment des femmes. Des études ont également montré que les candidats portant des noms non occidentaux, notamment des noms arabes et asiatiques, reçoivent également beaucoup moins d’invitations à un entretien que les candidats portant des noms occidentaux.”

Par ailleurs, aucune loi en Australie ne garantit que les candidats soient informés sur la nature du processus de recrutement. La transparence est donc un enjeu préoccupant pour les demandeurs d’emploi, qui risquent, selon les experts, de développer des troubles anxieux à force de se soumettre à des tests répétitifs et dépersonnalisés et d’être confrontés à des rejets tout aussi impersonnels.

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