Féminicides : 26 femmes tuées en France sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint en 2023

(Illustration) Police nationale. - DENIS CHARLET / AFP

Trois femmes ont été retrouvées poignardées en l'espace de deux jours par leur compagnon ou ancien compagnon dont elles étaient récemment séparées. Toutes avaient auparavant déposé plainte.

Trois cas en deux jours. Trois femmes ont été tuées entre jeudi et vendredi sous les coups de leur compagnon ou ex compagnon dans le pays, portant à 26 le nombre de féminicides supposés survenus depuis le début de l'année.

Des plaintes à chaque fois déposées

À Saint-Laurent-d'Arce, en Gironde, une femme d'une cinquantaine d'années est morte vendredi, poignardée par son ancien compagnon, dont elle était séparée depuis le mois de janvier. L'homme, âgé de 62 ans, est retrouvé pendu au domicile de la quinquagénaire.

Selon les premiers éléments de l'enquête, la femme avait déposé plainte à deux reprises, une fois le 5 février, une autre le 23 février, pour dénoncer des violences de son ex conjoint.

Ce même vendredi, une femme a également été retrouvée morte poignardée sur un parking à Amiens, dans la Somme. Son ancien compagnon était à ses côtés, grièvement blessé. Elle aussi avait déposé plainte contre lui.

Scénario similaire encore à Melun, en Seine-et-Marne, jeudi soir. Une femme a elle aussi été poignardée par son compagnon, qui s'est ensuite tué en se jetant d'une fenêtre.

"Une mauvaise évaluation du danger" par les forces de l'ordre ?

La multiplicité de drames de ce type sur une période aussi courte interroge certaines associations. "Comment sont réalisées les évaluations du danger par les forces de l'ordre ? Parce que là manifestement, il y a une très mauvaise évaluation du danger", déplore sur BFMTV la présidente de l'Union nationale des familles de féminicide Sandrine Bouchait.

"Que fait-on pour protéger les victimes ?", lance-t-elle encore, rappelant que les plaintes déposées par la femme tuée en Gironde n'avaient pas été remontées au parquet.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé samedi l'ouverture d'une enquête administrative de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) afin de déterminer s'il y a eu des dysfonctionnements dans le traitement de ces plaintes.

"C'est très important qu'on y voit clair dans cette affaire", a salué sur BFMTV la ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes Isabelle Rome.

Le gouvernement se défend

"C'est une priorité", a assuré la ministre déléguée à propos des féminicides. "Beaucoup a été lancé déjà depuis 2017 en matière de protection des victimes", a-t-elle encore affirmé.

Plutôt que la mise en place de nouveaux dispositifs, l'avocate pénaliste Florence Rault déplore un manque d'argent allouée aux mesures existantes.

"Faire des lois et toujours des lois, ça ne suffit pas. (...) À un moment donné, il n'y a pas suffisamment de moyens", dénonce-t-elle sur BFMTV.

122 femmes ont été victimes de féminicides en 2021, un nombre en hausse de 20% par rapport à 2020, selon le ministère de l'Intérieur.

Article original publié sur BFMTV.com

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