Explosion dans une usine de Bergerac: comment sont surveillés les sites Seveso en France?

Explosion dans une usine de Bergerac: comment sont surveillés les sites Seveso en France?

Mercredi après-midi, une explosion dans une poudrerie de Bergerac a fait huit blessés, dont un grave. Le site est classé Seveso, du nom de ce village italien où s'est produite en 1976 une importante fuite chimique. La gravité de l'incident avait à l'époque débouché sur une série de directives européennes, visant à identifier les sites à risques.

Selon les dernières données du ministère de l'Environnement, la France comptait fin 2020 un total de 1301 établissements classés Seveso. 692 en seuil haut, et 209 en seuil bas. Or, depuis le début des années 2000, une série d'incidents a mis en lumière ces installations. En 2001, l'explosion de l'usine d'engrais AZF de Toulouse avait causé la mort de 31 personnes. En 2019, un incendie majeur s'était déclaré à l'usine Lubrizol de Rouen.

Entré en vigueur en 2015, Seveso 3 est la dernière version de la directive qui encadre les sites à risques. "De nouvelles exigences sont applicables aux établissements afin de prévenir et de mieux gérer les accidents majeurs impliquant des produits chimiques dangereux", détaille le site du ministère de l'Écologie. Mais comment ces sites sont-ils surveillés par l'État? Les inspecteurs des sites classés sont-ils assez nombreux? BFMTV.com fait le point.

De possibles expropriations

En France, les dangers sont évalués au travers de la loi "risques" de 2003, élaborée suite à l'incident de l'usine AZF. Après son entrée en vigueur, 2000 études de dangers demandées aux industriels ont été mises à jour et approfondies.

Pour les Seveso "seuil haut", cette étude de danger doit être actualisée tous les 5 ans. Cette même loi "risques" a créé les plans de prévention des risques technologiques (PPRT), toujours pour les sites Seveso "seuil haut".

Ces PPRT prévoient plusieurs types de mesures, comme des expropriations et des droits de délaissement dans les zones habitées situées aux abords d'un site à risques.

Des travaux de renforcement sur les logements voisins du site peuvent également être demandés, tout comme des restrictions sur les futures constructions alentour.

1600 inspecteurs pour 1300 sites

Un plan particulier d'intervention est aussi demandé aux industriels, qui détermine l'organisation des différents services de secours lors d'un accident grave. Seveso 3 a de son côté renforcé la communication avec les riverains, qui doivent tous avoir accès aux risques auxquels ils peuvent être exposés en cas d'incidents.

Les contrôles de ces sites sont menés par les inspecteurs des installations classées, qui sont au nombre de 1600 en France pour un total de 1300 sites Seveso. Une quantité qui pourrait paraître suffisante. Mais ce vivier d'inspecteurs a aussi à sa charge les 500.000 autres installations présentes sur le territoire national et qui présentent un risque pour l'environnement, comme les stations services.

Pour ces dernières installations, afin d'alléger le travail de contrôle, un simple dossier d'enregistrement est demandé aux gérants. Mais pour les autres sites, ce sont bien aux inspecteurs d'accompagner les industriels dans l'encadrement des risques. Pour répondre aux exigences de l'État, de nombreux cabinets agréés viennent en aide aux industriels, dressant la liste des études d'impact à mener, la liste des rejets possibles...

Une décision de fermeture qui revient au préfet

C'est aux inspecteurs des installations à risques que revient la décision de laisser ou non fonctionner une installation. Tous les trois à sept ans, des contrôles inopinés, ou non, ont lieu dans les établissements surveillés pour s'assurer que l'ensemble des mesures de sécurité sont respectées. Si des manquements sont constatés, une fermeture peut être demandée au préfet.

Enfin, des exercices ont lieu régulièrement. Mais ces contrôles ne sont parfois pas suffisants. Ainsi, l'usine Lubrizol de Rouen avait été contrôlée 39 fois en cinq ans avant que ne se déclenche l'incendie. De même, le fait que la fermeture d'un site dépende du préfet pose problème pour de nombreux inspecteurs. Ils aimeraient que leur corps prenne pour modèle l'Autorité de sûreté du nucléaire, qui dispose de 500 agents pour surveiller 19 centrales.

Après l'incident de Bergerac mercredi, le maire de la ville Jonathan Prioleaud a assuré: "Le site est très regardé, avec des exercices régulièrement et des pompiers sont sur place. Aujourd’hui on ne peut être que rassurant auprès de la population". Selon des données remontant à 2019, en France, 2,5 millions de personnes vivent à moins d'un kilomètre d'un site Seveso.

Article original publié sur BFMTV.com