Explosion d'un hôpital à Gaza : la preuve israélienne remise en cause par une enquête

La vidéo utilisée par Tsahal comme preuve de la culpabilité du Djihad islamique montre un missile tiré depuis Israël, mais qui n'est pas à l'origine du drame.

Image aérienne des dégâts à l'hôpital de Gaza touché par une explosion d'origine indéterminée, le 17 octobre 2023 (Photo by Shadi AL-TABATIBI / AFP)
Image aérienne des dégâts à l'hôpital de Gaza touché par une explosion d'origine indéterminée, le 17 octobre 2023 (Photo by Shadi AL-TABATIBI / AFP)

L'explosion qui a touché l'hôpital Al-Ahli de Gaza dans la soirée du 17 octobre a marqué l'opinion internationale. C'est également l'un des meilleurs exemples des fausses informations qui peuvent circuler dans le cadre de ce conflit. La responsabilité de ce drame qui a coûté la vie à des dizaines de personnes est attribuée par le Hamas à Israël, qui de son côté renvoie vers le Djihad Islamique.

Pour se dédouaner, Israël et son ministère des Affaires étrangères brandissent comme preuve une vidéo filmée par la chaîne Al Jazeera. "Une émission d'Al Jazeera a documenté le moment où le Djihad islamique a lancé une roquette qui a raté son tir et a touché un hôpital à Gaza, tuant des centaines de personnes", indique le compte Twitter du ministère israélien des Affaires étrangères au soir de l'attaque.

"Le projectile avait été tiré vers Gaza depuis les environs de la ville israélienne de Nahal Oz"

Un argument largement médiatisé et notamment repris par les responsables américains pour évoquer les responsabilités du drame et pointer du doigt le Djihad islamique. Sauf qu'une enquête menée par le New York Times révèle que l'analyse faite de ces images par Israël est fausse.

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Selon les investigations du journal américain, l'objet que l'on voit sur les images relayées par l'état hébreu est lancé depuis Israël, et n'est pas en cause dans l'explosion qui a touché l'hôpital Al-Ahli de Gaza. Une enquête menée en recoupant les images d'Al Jazeera avec celles de la chaîne israélienne Channel 12, des images de vidéosurveillance de Tel Aviv ainsi que des images satellites conclut que "le projectile avait été tiré vers Gaza depuis les environs de la ville israélienne de Nahal Oz peu avant la détonation meurtrière", écrit le New York Times.

"Impossible que d’éventuels débris du missile israélien aient pu causer les deux explosions"

Le projectile a explosé "au-dessus de la frontière entre Israël et Gaza, à au moins deux miles (soit 3,2 kilomètres, ndlr) au-dessus de l'hôpital", selon le journal américain, et ne peut donc pas être responsable de l'explosion. Le Monde, qui confirme ces révélations, précise que le projectile provient d’une zone où se trouve une batterie du Dôme de fer, le système de défense antiaérienne israélien, à moins de 2 kilomètres à l’est de Nahal Oz.

"Il semble impossible que d’éventuels débris du missile israélien aient pu causer les deux explosions au sol, dont celle dans l’enceinte de l’hôpital Al-Ahli", poursuit le quotidien du soir, après avoir calculé la vitesse des missiles et le temps entre les différentes explosions.

Des roquettes palestiniennes tirées 25 secondes avant l'explosion

Un "barrage de roquettes palestiniennes" est bel et bien tiré mais avant le projectile désigné par Israël comme coupable de l'explosion : "Plus de 25 secondes séparent la dernière roquette palestinienne de l'explosion de l'hôpital", explique le New York Times.

"Les images suggèrent par ailleurs que des bombardements israéliens avaient lieu et que deux explosions à proximité de l'hôpital peuvent être observées deux minutes avant que celui-ci ne soit frappé", ajoute le New York Times.

Une enquête qui n'accuse ni ne disculpe personne sur l'origine du tir

Les auteurs de l'enquête soulignent également que l'hôpital Al-Ahli avait déjà été touché par un "projectile" trois jours avant l'explosion du 17 octobre "selon des preuves vidéos publiées sur la page Facebook officielle" de l'établissement.

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Pour autant, si la preuve apportée par Israël est discréditée par cette enquête, elle n'apporte pas d'élément sur la responsabilité du tir meurtrier, contrairement à ce qu'affirment plusieurs internautes, et n'accuse ni ne dédouane Israël, le Hamas, ou le Djihad islamique, toutes trois parties prenantes du conflit.

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