Une ex-compagne de Nordahl Lelandais reconnaît lui avoir livré des portables et de la drogue en prison

Elisabeth a été la compagne de Nordahl Lelandais alors que celui-ci était déjà incarcéré. Dans un entretien au Dauphiné Libéré, elle révèle lui avoir fourni deux téléphones portables, du rhum et de la cocaïne en prison.

En décembre dernier, on retrouve deux portables en possession de Nordahl Lelandais. Aussitôt, les gendarmes ont cherché à remonter la piste ayant permis à l'auteur présumé du meurtre de Maëlys de Araujo - le procès s'ouvrira le 31 janvier prochain - et condamné en mai dernier pour celui du caporal Arthur Noyer de mettre la main sur ces objets dont la détention lui est interdite en prison. Ils ont ainsi convoqué et entendu en audition libre le 13 janvier celle qui était sa compagne avant la rupture entre les deux conjoints peu après Noël dernier. C'est cette femme de 50 ans, Elisabeth, habitante de la région Bourgogne-Franche-Comté, qui a livré son témoignage au Dauphiné Libéré dans un entretien mis en ligne samedi.

Après l'avoir révélé aux gendarmes lors de son interrogatoire, elle y confirme avoir transmis les mobiles à Nordahl Lelandais, à sa demande, ainsi que du rhum et de la cocaïne. Elle affirme lors de cette interview avoir été "utilisée" par son ancien compagnon.

Portables, rhum et cocaïne

Leur relation a duré un peu plus de deux ans, depuis un premier contact en mars 2019, après qu'Elisabeth a été "choquée" - selon les termes qu'elle a employés auprès du quotidien régional - par "la violence" des réactions subies par Nordahl Lelandais autour de la reconstitution de la mort d'Arthur Noyer. Les amants se sépareront le 27 décembre 2021, à la suite d'un ultime parloir.

Outre les détails de cette intimité, le point d'orgue de l'interview livrée par Elisabeth tient au soutien matériel qu'elle lui a apporté à la demande insistante de ce dernier.

"En septembre 2021, je lui ai amené deux smartphones qu’il exigeait, entièrement en plastique, dont il m’avait donné la marque et le modèle, parce qu’ils ne sonnaient pas au portique de sécurité", reconnaît-elle à présent.

Les commandes de Nordahl Lelandais ne se sont cependant pas arrêté là. "Je lui ai apporté également deux chargeurs, trois cartes SIM, deux grammes de cocaïne et du rhum au cours de mes visites en les cachant sur moi", complète-t-elle.

"Je voyais l'homme avant les actes"

C'est au pénitencier isérois de Saint-Quentin-Fallavier, où Nordahl Lelandais est enfermé depuis septembre 2017, que ces transmissions illégales ont eu lieu. Elisabeth explique cette complaisance par "l'emprise" que le prisonnier avait sur elle. Si la travailleuse du secteur social décrit à présent Nordahl Lelandais comme un "caméléon", un "gourou", un être "jaloux et possessif" dont elle ne veut "plus entendre parler ni de près ni de loin", elle brosse un tout autre tableau de l'homme au début de leur couple:

"L’homme que je voyais n’était pas celui qu’on disait. Il était extrêmement protecteur, galant, redoutablement intelligent."

"Je voyais l’homme avant les actes. C’est sans doute ma grande erreur. Ce qu’il a fait, j’ai toujours été très claire avec lui: je ne cautionne pas, je ne pardonne pas, je ne lui trouve aucune circonstance atténuante", a-t-elle encore développé.

Nordahl Lelandais métamorphosé par sa condamnation

Leur union a connu plusieurs étapes. Après les premières lettres au printemps 2019, Nordahl Lelandais lui suggère de solliciter un sésame de l'administration pour venir le voir en prison dès le mois d'août, une demande satisfaite le 13 mars 2020. Elisabeth évoque auprès du Dauphiné Libéré un "rapprochement à l'automne" 2019 puis des relations intimes à partir du début de l'année 2021.

Il faudra attendre les dernières entrevues de décembre 2021 pour que la quinquagénaire choisisse de rompre avec Nordahl Lelandais mais celle-ci précise que leur couple a commencé à péricliter dès l'été. C'est la condamnation du meurtrier par les assises jugeant l'affaire Arthur Noyer qui semble avoir agi comme détonateur.

"Après le procès de Chambéry, Nordahl était l’ombre de lui-même, il était abattu. J’ai commencé à me rendre compte de qui il était. Des choses étaient sorties au procès qu’il ne m’avait pas dites. À un parloir, on s’est disputé. Il m’a engueulée. Il a changé de visage, de regard", dit-elle.

Elisabeth "en colère" contre elle-même

Au cours de cet entretien, Elisabeth - qui a intégré le cercle familial de Nordahl Lelandais au point de se rendre aux obsèques du père de son compagnon de l'époque en janvier 2021 - ne cherche pas à dissimuler la place prise dans sa vie par cette relation. Elle chiffre même à 200 le nombre de leurs rencontres.

"Je suis en colère contre moi. Je m’en veux de lui avoir procuré du bonheur, du plaisir, matériellement, affectivement, sexuellement, pendant qu’il y a des familles qui pleurent leur enfant", a-t-elle toutefois tenu à noter.

Dans l'attente du verdict du procès qui débutera dans une dizaine de jours à Grenoble pour trancher le dossier de la mort de la petite Maëlys de Araujo, Nordahl Lelandais purge déjà une peine de 20 ans de réclusion pour avoir ôté la vie au militaire Arthur Noyer.

Article original publié sur BFMTV.com

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