Européennes : Le RN lâche Saidali Boina Hamissi, son candidat mahorais, après des propos controversés

Le RN lâche Saidali Boina Hamissi, candidat mahorais aux européennes, après ses propos controversés
Le RN lâche Saidali Boina Hamissi, candidat mahorais aux européennes, après ses propos controversés

POLITIQUE - La gêne est palpable au Rassemblement national. Quatre jours après l’annonce en grande pompe par Marine Le Pen de la présence de leur délégué départemental mahorais, Saidali Boina Hamissi, sur la liste de Jordan Bardella pour les élections européennes de juin, les cadres du parti assurent ce mercredi 24 avril que rien n’est acté. Un rétropédalage en règle qui fait suite aux révélations de Libération sur des propos misogynes et complotistes tenus par l’intéressé.

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Confronté sur franceinfo aux propos de Saidali Boina Hamissi sur les migrants comoriens qualifiés de « vermine », Sébastien Chenu s’empresse de souligner que « c’est un monsieur qui était à la CGT ». Sans citer directement l’enquête de Libé et des propos tenus ou relayés sur Facebook, le vice-président du RN assure que le parti « va regarder avec attention les déclarations » du responsable mahorais « potentiellement candidat ».

« Potentiellement » ? Marine Le Pen était pourtant beaucoup plus catégorique en annonçant sur Mayotte La 1ère samedi que Saidali Boina Hamissi serait « probablement en position non éligible, sauf si les électeurs le décident autrement ».

« Nous ignorions tout à fait ces déclarations »

Mais entretemps, Libération a donc déterré d’anciennes publications sur les réseaux sociaux. Des messages où l’intéressé tient des propos complotistes sur la pandémie de coronavirus, fait l’éloge de Vladimir Poutine, tient des propos dégradants sur les personnes en situation irrégulière et évoque la « soumission de la femme » qui, selon lui, « vient naturellement lorsqu’elle se sent aimer, protéger et valoriser (sic) par son mari. » De quoi gêner le parti lepéniste, qui fait tout pour poursuivre sur sa tactique de dédiabolisation.

Sur le plateau de BFMTV, le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy assure que le parti « ignorait tout à fait ces déclarations. » « On m’a fait savoir qu’il ne serait sans doute plus sur la liste si ses propos étaient confirmés », affirme l’élu, qui précise qu’une enquête interne a été lancée. Sébastien Chenu assure, lui, que si Saidali Boina Hamissi était « probablement le mieux placé » du fait de sa fonction de représentant local, « il y a plusieurs possibilités » pour choisir un autre candidat mahorais.

Le vice-président RN de l’Assemblée nationale refuse « d’excuser » les propos de Saidali Boina Hamissi, qui, il l’assure, l’ont « choqué ». Dans un exercice d’équilibriste délicat, il nuance néanmoins en insistant sur le « contexte » mahorais particulièrement dégradé. « Le contexte dans lequel monsieur Hamissi vit me choque encore plus. Lorsque vous poussez des gens à bout, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a poussé nos compatriotes mahorais à bout, (...) il ne faut pas s’étonner ensuite qu’une expression soit un peu verte. »

Le Rassemblement national cultive depuis des années son électorat mahorais, qui prospère sur la pauvreté du département - le plus pauvre du France -, l’immigration illégale venue des Comores toutes proches et un sentiment d’abandon du gouvernement. En avril 2022, Marine Le Pen y a réalisé l’un de ses meilleurs scores à la présidentielle. La présence d’un candidat mahorais sur la liste du RN vise d’ailleurs à illustrer l’attachement du parti d’extrême droite à l’archipel. « C’est un signal surtout qui est lancé à Mayotte, de dire pour la première fois historiquement, il y a un candidat mahorais qui va entrer » sur une liste, avait déclaré l’ex-numéro 1 du parti sur Outremer 1ère. Une stratégie de communication moins réussie que prévu.

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