Européennes: comment le Parti animaliste espère obtenir ses premiers eurodéputés

Au Parti animaliste (PA), plusieurs comptes X (ex-Twitter) se sont mis au diapason ces derniers jours pour relayer une bonne nouvelle. Publié le 29 avril, un sondage sur les élections européennes de BVA pour RTL donne leur tête de liste, Hélène Thouy, a 3%. Soit deux points de plus qu’en mars.

Même si certaines études d'opinion lui prédisent un résultat moins favorable, la petite formation, créee en 2016, y voit une preuve supplémentaire que l'échelon supérieur est accessible. Pour le gravir, elle vise les 5%, seuil nécessaire à l'obtention d'eurodéputés.

"C'est tout à fait possible. Nous avons fait 2,16% (en 2019) alors que nous n'étions pas connus et avec des moyens plus faibles", martelait Hélène Thouy, il y a quelques semaines, auprès de BFMTV.com.

Cette année-là, le PA avait créé la surprise, terminant juste derrière la liste du Parti communiste français (2,49%) pour sa première participation au scrutin. Cinq ans plus tard, le mouvement fait toujours partie des "petits" du paysage politique mais sa campagne n'a pas les mêmes allures.

Moyens financiers plus importants qu'en 2019

Ce n'est pas un mais quatre meetings qui ont été organisés cette fois-ci. Après deux raouts à Montpellier et Grenoble, les animalistes seront à Bordeaux (18 mai), puis à Paris (1er juin).

Une montée en gamme qui se traduira également dans les bureaux de vote. Tous comprendront un bulletin animaliste, promet-on. Ce n'était pas le cas en 2019, malgré un financement dédié. Les animalistes avaient dénoncé une "fraude massive" à l'époque et saisit le Conseil d'État.

Autre différence: le financement de professions de foi. "En 2019, comme les gens ne recevaient rien dans leur boite aux lettres, ils pensaient qu’on ne se présentait pas", raconte Hélène Thouy.

Des élus locaux à mettre en avant

Cette fois, le message sera délivré. Et le parti peut compter sur sa dizaine d'élus locaux pour le relayer. Tous sont entrés en fonction après les élections municipales et régionales de 2020 et 2021. Bilan à l'appui, ils font office de gage de crédibilité. Parmi eux, Edinne Ariztegui et Sandra Krief, respectivement numéros deux et trois de la liste.

Le premier est maire adjoint délégué à la condition animale à la mairie de Montpellier, la seconde officie au même poste, mais à Grenoble. L'un et l'autre ne manquent pas de mesures à mettre en avant. Pour ne citer que deux exemples, on peut évoquer la résiliation des conventions de chasse à Montpellier pour l'un et la mise en place de deux repas végétariens obligatoires par semaine dans les cantines scolaires pour l'autre.

"Nos actions ont montré que lorsqu'il y a des élus du Parti animaliste on agit. Ce ne sont pas des déclarations incantatoires comme l'ont fait par le passé certains élus", souligne Eddine Ariztegui. L'élu met en avant le classement des villes qui agissent pour les animaux, établi par l'association L214. Montpellier a terminé deuxième en 2023, derrière.... Grenoble, déjà première en 2022.

"Bizarrement ce sont deux villes où on a des élus du Parti animaliste. Ce n’est pas un hasard, ni une coïncidence", appuie Sandra Krief. "On sait ce que c'est la politique, on sait ce que c'est de se battre pour les animaux au quotidien."

Un "gros déficit de notoriété" à combler dans la dernière ligne droite

Si le PA dispose de davantage d'arguments qu'en 2019, Hélène Thouy concède néanmoins un "gros déficit de notoriété", malgré sa candidature à l'élection présidentielle de 2022, qui ne s'était pas matérialisée, faute de parainages suffisants. Hélène Thouy avait néanmoins rassemblé 139 signatures validées par le Conseil constitutionnel.

Pour y remédier, l'avocate entend bien profiter des recommandations de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Celle-ci demande aux médias de télévision et de radio de respecter une équité du temps de parole entre les différents candidats depuis le 15 avril.

"Je fais autant que le Parti communiste, donc il n'y a pas de raisons que je ne sois pas invitée", glisse-t-elle, même si l'autorité prend également en compte d'autres éléments comme les résultats aux dernières élections présidentielle et législatives.

Ces derniers jours, Hélène Thouy a pu se montrer sur BFMTV vendredi 3 mai, avant de débattre sur France 3 le dimanche avec des candidats représentant des "petites" listes. Elle espère capitaliser sur un mouvement qui est porteur pour les Français. Un baromètre d'Ipsos, publié fin avril, donne la défense des animaux comme la troisième cause la plus soutenue par les Français (28%), derrière la santé et la recherche médiacale (37%), ainsi que l'aide aux personnes démunies (38%).

Quant au Parti animaliste, son résultat aux dernières européennes ne représentait pas un "feu de paille", mais bien "une phénomène de société plus profond", selon une note de la Fondation Jean-Jaurès de mai 2019. Suffisant pour entrer au Parlement européen en 2024?

Article original publié sur BFMTV.com