Euro 2024: comment les tensions entre la Serbie, l'Albanie et la Croatie s'invitent dans la compétition

Comme bien souvent, l'Euro est rattrapé par les questions géopolitiques. Dans cette édition 2024 en Allemagne, la première semaine a été ponctuée par plusieurs incidents liés aux conflits dans la région des Balkans. Une situation liée plus précisément aux tensions entre le Kosovo - dont l'indépendance est notamment reconnue par l'Albanie et la Croatie - et la Serbie.

Les premiers débordements sont apparus le 16 juin, à l'occasion du match perdu 1-0 par la Serbie contre l'Angleterre. Une procédure disciplinaire a été ouverte par l'UEFA contre la fédération serbe pour des "jets d'objets" et des "messages provocateurs n'ayant pas leur place dans le cadre d'un évènement sportif". L'enquête a été ouverte à la suite d'une plainte de la fédération kosovare de footballe (FKK), qui accuse les supporters serbes d'avoir diffusé des messages racistes contre le Kosovo avec des drapeaux, chants et slogans.

"La propagation de tels messages racistes lors d'un évènement comme l'Euro 2024 est insensée et absurde", a fustigé l'instance du Kosovo, exigeant "des mesures disciplinaires strictes contre la Fédération serbe, qualifiée de "récidiviste".

L'accréditation d'un journaliste kosovar suspendue

Sanctionnée à hauteur de 14.500 euros d'amende, la fédération serbe a aussi porté plainte après cette même rencontre. En cause: un geste nationaliste albanais réalisé par un journaliste kosovar face aux supporters de la Serbie. En effet, Arlind Sadiku, le reporter en question, a mimé l'aigle aux ailes ouvertes du drapeau de l'Albanie pendant qu'il était en direct au bord du terrain.

Dans cette affaire, l'UEFA a rapidement tranché en prononçant la suspension de l'accréditation du journaliste. Auprès de l'agence de presse Reuters, Arlind Sadiku a reconnu un manque de professionnalisme, tout en minimisant la portée de son geste qu'il ne juge "offensant pour personne". La sanction ne l'a toutefois pas empêché d'assister au match Croatie-Albanie (2-2) disputé le 19 juin à Hambourg. "Je n’ai offensé ni provoqué personne. Je suis juste fier du symbole qui nous représente. Je suis fier d'être albanais et je n'ai jamais peur de le déclarer, même si le monde entier se lève", s'est-il à nouveau défendu dans une publication Instagram, où il s'affiche dans le stade en faisant de nouveau le geste de l'aigle.

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Des chants violents contre la Serbie

Albanie-Croatie a justement été le théâtre de nouveaux incidents. Pendant le match, des supporteurs des deux pays se sont entendus pour chanter à l'unisson des chants violents appelant à "tuer" les Serbes. Par la voix de son secrétaire général Jovan Surbatovic, la fédération serbe a menacé de quitter l'Euro si l'UEFA ne prend pas de sanctions contre l'Albanie et la Croatie.

"Nous avons été sanctionnés pour des cas isolés et nos supporters se sont bien mieux comportés que les autres", a-t-il notamment avancé.

Les tensions dans la région n'ont jamais cessé depuis la guerre entre forces serbes et insurgés albanais à la fin des années 1990. Pristina a déclaré son indépendance en 2008, mais la Serbie s'oppose farouchement à toute reconnaissance du Kosovo devant les instances internationales. Les relations orageuses entre ces deux voisins des Balkans débordent régulièrement sur le terrain sportif. Belgrade n'a cependant pas pu empêcher l'admission du Kosovo à l'UEFA et la Fifa en 2016.

Lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, la Fifa avait ouvert une procécure disciplinaire contre la Serbie pour un drapeau affiché dans un vestiaire qui niait l'indépendant du Kosovo. Une amende avait été infligée. Au Mondial 2018, les internationaux suisses Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri, d'origine kosovare, avaient célébré leurs buts face à la Serbie en mimant l'aigle de l'Albanie.

Article original publié sur RMC Sport