Euro 2024: faut-il s'inquiéter pour l'attaque des Bleus?

Le meilleur buteur de l’équipe de France répond donc au nom de Maximilian Wöber. D’une tête croisée imparable, le défenseur central de Leeds, prêté cette saison à Mönchengladbach, reste le seul à avoir fait trembler les filets pour les Bleus depuis le début de l’Euro 2024. À ce rythme, Didier Deschamps va peut-être songer à formuler une demande de naturalisation pour l’ancien joueur de l’Ajax et du FC Séville, histoire de maximiser ses chances d’aller loin dans le tournoi. Au-delà de la simple vanne, un constat : parmi les candidats à la victoire finale, les vice-champions du monde sont les seuls à connaître une telle disette. Sûrs de leur force, Allemands et Espagnols totalisent déjà sept et quatre buts à l’issue des deux premières journées de la phase de groupes. Même les Anglais, très peu convaincants contre la Serbie (1-0) et le Danemark (1-1), ont à chaque fois réussi à marquer grâce à Jude Bellingham et Harry Kane.

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Des Bleus lucides mais pas inquiets

Autrement dit, faut-il s’inquiéter pour l’attaque tricolore ? À titre de comparaison, elle avait attaqué la dernière Coupe du monde au Qatar en plantant six buts contre l’Australie (4-1) et le Danemark (2-1) en poules, avec trois buteurs différents (trois pour Kylian Mbappé, deux pour Olivier Giroud, un pour Adrien Rabiot). "Le seul regret c'est de ne pas avoir eu d'efficacité. On a eu cinq-six occasions franches, mais sans marquer on ne peut pas gagner. Je suis satisfait de ce qu'a fait mon équipe ce soir, mis à part ce manque d'efficacité", a reconnu Deschamps après le nul concédé vendredi face aux Pays-Bas, le premier 0-0 de la compétition. En l’absence de leur principale arme offensive et capitaine Mbappé, qui n’a pas eu l’occasion d’étrenner son beau masque noir en restant scotché sur le banc, il aura manqué à cette équipe une bonne dose de folie et d’adresse dans le dernier geste.

Mention spéciale pour Antoine Griezmann, à la fois surpris et maladroit au moment de conclure des services d’Adrien Rabiot (14e) et N’Golo Kanté (65e) dans la surface. Aligné en pointe, Marcus Thuram n’a pas été beaucoup plus inspiré, à l’image de cette frappe totalement ratée sur une magnifique ouverture de Jules Koundé (28e). Quant à Ousmane Dembélé, son déchet technique a une nouvelle fois été un poids pour son équipe. Au total, sur seize tirs tentés, seuls trois ont été cadrés face aux Pays-Bas. "C'était un match de très haut niveau et il y a beaucoup de points positifs. C'est dur pour tout le monde mais on y est, sur le plan mental, l'état d'esprit, la capacité de créer du danger et des occasions. La solidité est importante mais pour gagner il faut marquer", a encore souligné Deschamps en conférence de presse.

S’il peut être satisfait du niveau de sa défense, avec une paire Dayot Upamecano-William Saliba qui continue de monter en puissance, le sélectionneur va devoir trouver la clé pour corriger un bilan offensif jusqu’à présent pas au niveau. Peu de changements de rythmes, peu de différences créées dans les un-contre-un, peu de créativité au milieu… Les manques sont identifiés et les Bleus en semblent bien conscients alors qu’un sursaut est attendu dès mardi contre la Pologne (18h). "On n’a pas concrétisé nos occasions, ça montre qu’il y a encore des choses à revoir. Il faut qu’on soit plus tueurs", a insisté Aurélien Tchouaméni, qui faisait son retour dans le onze de départ au cœur d'un milieu renforcé. "Ce qu’il a manqué ? Un petit brin d'efficacité, de réalisme, de réussite. On a fait des bons mouvements, on s'est créé des occasions franches mais voilà... on a eu des occasions. Je serais plus inquiet si on n'en avait pas", a embrayé Olivier Giroud, très peu trouvé pendant son quart d’heure passé sur la pelouse de la Red Bull Arena. La solution pourrait-elle venir du banc ?

Une simple question de patience ?

Comme Giroud, Kingsley Coman n’a pas eu assez de minutes pour se montrer face aux Néerlandais, alors que Bradley Barcola, cinq buts et neuf passes décisives cette saison avec le PSG, doit se contenter jusqu’à présent d'observer ses coéquipiers depuis le banc. Alors que faut-il faire pour retrouver le sens du but ? Pascal Dupraz, membre des Grandes Gueules du Sport, prône simplement… la patience. "Je suis confiant. On a pris un très bon point contre une très bonne équipe des Pays-Bas qui avait décidé de jouer bloc bas. Le seul petit bémol, c’est que j’ai l’impression que Griezmann traîne un petit spleen. Mais n’oublions pas qu’il manquait le meilleur joueur du monde. Donc, patience et confiance. Mbappé saura marquer au moment opportun", estime-t-il.

Et d’ajouter : "Cette équipe de France peut battre n’importe qui. En 2018, tout le monde était fébrile avant de jouer l’Argentine en huitièmes. Sauf Deschamps. Il ne faut pas lui faire un délit de faciès. La tendance du moment, c’est de dégommer Deschamps, alors que l’équipe de France joue très bien. Si vous me dites que c’est chiant, vous n’y comprenez rien. Ça va venir ! On a un peu de difficultés offensivement, mais ce n’est pas une question de mouvements, il n’y a simplement pas assez de rythme dans les passes." Daniel Riolo ne semble pas non plus particulièrement inquiet. "Ce n’est pas flamboyant, mais c’est dur de se créer quoi que ce soit face à eux. Ça donne le sentiment que c’est imprenable, je ne sais pas quelle équipe pourra faire vaciller ces Bleus. Ils font tellement déjouer les autres et vont récupérer le gars capable de faire la différence. Mbappé va revenir et prendra la place de Thuram en gardant le milieu qu’on a vu face aux Pays-Bas, je suis prêt à le parier", a-t-il exposé dans l’After Foot.

En attendant, les partisans du verre à moitié vide rappeleront une autre statistique peu flatteuse: aucun buteur français après deux matchs dans une grande compétition, c'est du jamais vu depuis... la Coupe du monde 2010 et le fiasco de Knysna.

Article original publié sur RMC Sport