En Espagne, des pics à 40 °C attendus avec la canicule

Il va faire jusqu’à 40 degrés en Espagne à partir de mercredi 26 avril. (Illustration : le lac de Sau le 16 avril 2023 et des ruines de l’église de Sant Roma de Sau normalement inondées.)
Il va faire jusqu’à 40 degrés en Espagne à partir de mercredi 26 avril. (Illustration : le lac de Sau le 16 avril 2023 et des ruines de l’église de Sant Roma de Sau normalement inondées.)

CLIMAT - En Europe, on n’a encore jamais vu poindre au milieu du mois d’avril une canicule aussi intense. Une masse d’air très chaude va faire suffoquer l’Espagne cette semaine, avec des pics de températures atteignant les 40 degrés à partir de ce mercredi 26 avril, soit plus de 15 degrés au-dessus des normales de saison. Pour ne rien arranger, la sécheresse ravage une grande partie du territoire, ce qui fait craindre l’aggravation de la pénurie d’eau, la propagation d’incendies, et d’importantes pertes agricoles.

Les températures attendues pourraient même pulvériser le record européen, atteint à Orihuela, en Espagne, le 9 avril 2011, où la barre des 39 degrés avait été dépassée, rappelle le météorologue Fabien Delacour sur Twitter. Une canicule aussi précoce et intense, c’est « inédit en Espagne » et « inédit en Europe », souligne l’agroclimatologue Serge Zaka sur le réseau social.

L’agence météorologique espagnole, l’Aemet, confirme dans un communiqué ce dimanche que le pays va faire face à des « températures exceptionnellement élevées pour cette période de l’année », et qu’elles atteindront « jeudi et vendredi, 35 °C dans la moitié sud et la vallée de l’Èbre et 40 °C dans le Guadalquivir ».

Cette vague de chaleur est liée à une « masse d’air très chaude et sèche, d’origine africaine, sur l’Espagne continentale et les Baléares », poursuit le prévisionniste national. Et les températures minimales la nuit ne laisseront aucun répit à l’Espagne, avec des « nuits tropicales », surtout en Andalousie, où le thermomètre ne descendra pas en dessous de 20 degrés.

230 litres d’eau par habitant et par jour

Si ces prévisions se réalisent, « ce serait quelque chose de jamais vu dans notre histoire moderne », affirme au quotidien espagnol El Pais Juan Jesús González Alemán, chercheur à l’Aemet. Le porte-parole de l’agence météo, Rubén del Campo prévient lui aussi : « Ce serait la canicule la plus intense de celles enregistrées en avril depuis qu’il existe des données », c’est-à-dire depuis 1961.

Une canicule digne d’un mois de juillet qui survient alors que l’agriculture est déjà « les deux genoux à terre » à cause d’une sécheresse historique, s’inquiète encore l’agroclimatologue Serge Zaka sur Twitter. Ce scientifique se dit « effaré » par les chiffres vertigineux concernant les pertes de rendements agricoles : « 3,5 millions d’hectares (333 fois la taille de Paris !) sont définitivement perdus ! ». Ce chiffre est issu d’un rapport de l’organisation agricole espagnole COAG, qui ajoute que le sécheresse touche 60 % des campagnes.

Depuis 32 mois, la Catalogne n’a pas connu de pluie suffisante pour abreuver ses sols, ajoute Franceinfo. À tel point que la région manque déjà d’eau potable pour ses 7,7 millions d’habitants. Les mairies sont contraintes de restreindre l’eau à 230 litres par personne et par jour, usage commercial et économique inclus, sous peine d’amendes, indique Le Monde.

L’une des plus grandes zones humides d’Europe à sec

La pénurie d’eau a aussi complètement asséché l’une des principales zones humides d’Europe, le parc national de Doñana, en Andalousie. « Il y a juste un peu d’eau dans 300 hectares sur les 30 000 hectares qui devraient être inondés », déplore Felipe Fuentelsaz, spécialiste eau et agriculture de l’ONG WWF au micro de Franceinfo. L’agriculture intensive pour cultiver des fraises accentue le phénomène de sécheresse. 300 000 tonnes de fraises sont en effet irriguées de manière illégale aux abords de cette zone protégée, et sont ensuite exportées partout en Europe.

Le ministre de l’Agriculture, Luis Planas, a mis en garde contre cette « situation sans précédent » due au manque d’eau que connaît l’Espagne et qui menace la production agricole et l’élevage. Alors que les précipitations sont inférieures à près de 25 % à la normale depuis octobre, il a exhorté les agriculteurs à « s’adapter au changement climatique auquel nous sommes confrontés ».

L’intensité et la précocité de ces extrêmes de chaleur et de sécheresse sont en effet liées au dérèglement climatique, « car il ne s’agit pas d’un événement ponctuel, nous constatons qu’au cours des dernières décennies, les épisodes chauds l’emportent sur les épisodes froids et qu’ils surviennent de plus en plus tôt, sont plus fréquents, durent plus longtemps et sont plus intenses », analyse Rubén del Campo, porte-parole de l’Aemet au quotidien El Pais. Cette vague de chaleur est déjà la deuxième du printemps en Espagne après celle survenue fin mars.

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