Esclavage : quand Zanzibar était la plaque tournante de la traite est-africaine

Une oeuvre d'art de l'artiste suédoise Clara Sornas, représentant cinq esclaves enchaînés, rend hommage aux milliers de victimes de l'esclavage à Stone Town, à Zanzibar.   - Credit:Mebrett/FlickCC
Une oeuvre d'art de l'artiste suédoise Clara Sornas, représentant cinq esclaves enchaînés, rend hommage aux milliers de victimes de l'esclavage à Stone Town, à Zanzibar. - Credit:Mebrett/FlickCC

Dans cette pièce d'à peine deux mètres de hauteur, accessible par un petit escalier menant au sous-sol, l'air est suffocant. Une mince ouverture, tout au fond, laisse passer de l'air chaud et humide. Assis sur les deux blocs de pierre à droite et à gauche, on ne tient qu'assis, la tête recroquevillée. Durant plusieurs siècles pourtant, à cet endroit, près de 75 personnes étaient entassées là. Ces hommes, femmes et enfants y agonisaient plusieurs jours avant d'être vendus sur le marché aux esclaves de Stone Town, la capitale de Zanzibar. L'archipel, situé au large de la Tanzanie, a été durant deux siècles le centre de la traite négrière en Afrique de l'Est. Donald Petterson, auteur de Revolution in Zanzibar : an American's Cold War Tale, estime qu'entre 40 000 et 50 000 esclaves ont été amenés de force sur son île principale, appelée elle aussi Zanzibar ou Unguja.

 - Credit: ©  Marlène Panara
- Credit: © Marlène Panara

Caves marché : plus de 75 esclaves pouvaient être entassés dans les deux pièces en sous-sol du marché de Stone Town. © Marlène PanaraD'abord investies par les Portugais dès 1502, les îles de Zanzibar tombent sous le contrôle du sultanat d'Oman en 1698. À cette date, le commerce d'esclaves est déjà pratiqué, pour approvisionner les Antilles. Mais sous le joug omanais, la traite prend un nouvel essor. Et pour cause, les autorités ont besoin de travailleurs dans les champs de clous de girofle qu'ils ont pour projet de cultiver sur l'île. La vente d'esclaves à l'Arabie, la Perse, l'Inde ou l'île de l [...] Lire la suite