Erreur humaine ou défaillance de l’État ? Après l’accident de Larissa, la Grèce cherche des réponses

Le grave accident de train qui a endeuillé mardi soir la Grèce a-t-il été causé “principalement par une tragique erreur humaine”, comme l’a affirmé dans la soirée du mercredi 1er mars, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis ? Ou bien la qualité des infrastructures ferroviaires grecques et des défaillances de l’État seraient-elles est en cause, comme l’assurent certains syndicats et membres de l’opposition ?

Le drame de Larissa, qui a fait au moins 38 morts, provoque au lendemain de l’accident une “vive polémique” à travers le pays, rapporte El País. Alors qu’un chef de gare accusé d’être à l’origine de la catastrophe témoigne jeudi devant la justice, les Grecs cherchent aujourd’hui à comprendre ce qu’il s’est passé. Poursuivi pour “homicides par négligence”, l’homme de 59 ans doit expliquer comment un train transportant 342 passagers et dix employés des chemins de fer, reliant Athènes à Thessalonique, dans le nord du pays, a pu être autorisé à emprunter la même voie qu’un convoi de marchandises. Les deux trains se sont heurtés frontalement alors qu’ils se trouvaient sur la même voie depuis plusieurs kilomètres.

Selon le site anglophone du quotidien grec I Kathimerini, des heurts ont éclaté mercredi soir à Athènes entre la police et des étudiants, autour du siège de la société ferroviaire Hellenic Train, jugée par certains partiellement responsable de l’accident. “Lorsque en 2017 la Grèce a été obligée de privatiser ses avoirs sous la pression des créanciers du pays – Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Union européenne –, l’organisme national des trains grecs a été vendu pour 45 millions d’euros à la société privée italienne Ferrovie dello Stato” mais “aucune condition n’a été posée à l’acheteur quant à l’amélioration du réseau ferroviaire du pays, vétuste sans poser pour autant de problèmes de sécurité”, remarque Le Temps.

“Les signalements électroniques ne fonctionnent pas”

Pour le président du syndicat des conducteurs de train, Kostas Genidounias, l’un des premiers à se rendre sur les lieux du drame, ce sont bien “les effets ‘pervers’ de la privatisation du rail imposée à la Grèce […] durant la récente crise économique” qui sont en cause, rapporte le quotidien suisse. “Depuis, rien ne fonctionne. On utilise le service manuel depuis des années car les signalements électroniques ne fonctionnent même pas. Si cela avait été le cas, les conducteurs auraient vu le signal rouge et se seraient arrêtés à une distance sûre. Le pilote du train est obligé de prendre les directives du chef de gare pour se rendre d’une gare à une autre. Sur le trajet Athènes-Thessalonique, on le fait quinze fois car aucun système ne fonctionne. Nous n’avons pas cessé de dénoncer cette situation.”

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