Pour Emmanuel Macron, le Rassemblement national ne s'inscrit pas dans "l'arc républicain"

Si le chef de l'État dit dans les colonnes de L'Humanité que l'on ne peut pas "faire abstraction" de la présence du Rassemblement national à l'Assemblée, il affirme qu'il ne considère pas que le parti s'inscrit dans "l'arc républicain".

"Ce serait un échec si Marine Le Pen était ici à ce bureau à vous parler". Dans les colonnes de L'Humanité, Emmanuel Macron affirme ce dimanche 18 février qu'il continue de "combattre les idées du RN".

Un parti qu'il ne considère pas comme s'inscrivant dans "l'arc républicain", tout comme Reconquête. Ces propos dissonent avec ceux tenus par son Premier ministre, Gabriel Attal, qui avait affirmé au début du mois de février que "l’arc républicain, c’est l’Hémicycle".

Le président de la République affirme toutefois que l'on ne peut pas "faire abstraction" de la présence du Rassemblement national à l'Assemblée.

"Ses députés votent les lois et l’Assemblée nationale leur a confié des responsabilités", déclare-t-il. "En revanche, j’ai toujours considéré, comme avec la loi immigration, que les textes importants ne devaient pas passer grâce à leurs voix".

Un texte, adopté dans la douleur à l'Assemblée nationale à la fin de l'année 2023, qui selon lui "va permettre des milliers de régularisations".

S'il estime "que, par leurs positions, certaines personnalités de la France insoumise combattent les valeurs de la République", il assure ne pas "poser d’équivalence entre les deux extrêmes".

Et si le RN arrive au pouvoir en 2027, Emmanuel Macron assure que la faute est à chercher du côté "des politiques très à gauche menées dans les années 1980" qui "ont conduit à l’entrée, à l’Assemblée, du Front national". Un parti alors "résolument antisémite et négationniste", "ce que n’est plus ouvertement le RN", précise-t-il.

"La désindustrialisation comme le sentiment de déclassement ont nourri l’extrême droite. Nous avons commencé à y répondre avec la baisse du chômage et le début de la réindustrialisation. C’est un long processus", note le président de la République qui déplore que le quotidien fondé par Jean Jaurès "accrédite l’idée selon laquelle [il] mènerai[t] une politique d’extrême droite".

"Les forces d’extrême droite seraient inspirées de ne pas être présentes"

Interrogé sur la présence du RN à la panthéonisation du résistant Missak Manoukian, le 21 février prochain, le chef de l'État souligne que ce n'est pas à lui de "faire le tri".

"Mon devoir est d’inviter tous les représentants élus par le peuple français. Est-ce au président de la République de dire qu’un élu du peuple français siégeant au Parlement est illégitime ? Non", abonde-t-il.

Avant d'ajouter: "Comme pour l’hommage à Robert Badinter dont les élus du RN étaient absents, l’esprit de décence, le rapport à l’histoire devraient les conduire à faire un choix. [...] Les forces d’extrême droite seraient inspirées de ne pas être présentes, compte tenu de la nature du combat de Manouchian. Mais je ne vais pas, moi, par un geste arbitraire, en décider".

Dans cette interview, Emmanuel Macron, également interrogé sur la situation à Gaza et la prochaine offensive sur Rafah prévue par l'armée israélienne, déplore que la situation humanitaire y soit "d'ores et déjà intenable".

"J’ai dit au Premier ministre Benjamin Netanyahu qu’à mes yeux Rafah était un point de rupture dans ces opérations", rappelle-t-il.

Article original publié sur BFMTV.com

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