Emmanuel Macron et ses « 100 jours » réveillent un souvenir historique douloureux

Emmanuel Macron, ici à l’Élysée ce 18 avril, a fixé un cap à « 100 jours » pour un premier bilan de ses trois nouveaux chantiers.
Emmanuel Macron, ici à l’Élysée ce 18 avril, a fixé un cap à « 100 jours » pour un premier bilan de ses trois nouveaux chantiers.

POLITIQUE - Waterloo ou nouveau départ ? Emmanuel Macron s’est donné « cent jours » pour lancer les trois chantiers qui, espère-t-il, vont permettre de tourner la page de la réforme des retraites. La date de rendu, fixée au 14 juillet, se veut symbolique. Mais le délai des 100 jours reste synonyme de défaite dans l’histoire française.

« Nous avons devant nous 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France » , a clamé Emmanuel Macron lors de son allocution aux Français. Le lendemain, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran assure qu’« on parle des 100 jours assez régulièrement », par exemple en début de mandat.

Néanmoins, ce n’est pas cette référence très politique que la majorité des Français ont en tête. Dans les esprits, la notion fait surtout référence à la dernière période de règne de Napoléon Bonaparte, à partir du 20 mars 1815. La fin de l’histoire est connue : la défaite de Waterloo le 18 juin puis l’abdication le 22. Quant à l’expression des « cent jours », elle est attribuée au préfet de la Seine Chabrol de Volvic dans son discours pour le retour de Louis XVIII à Paris en juillet de la même année.

Macron « donne la date de son Waterloo »

Synonyme d’échec, le choix de cette expression a donc surpris. « Avec tous les communicants qu’il a autour de lui, les équipes qui ont fait l’ENA, il n’y en a pas un qui lui dit que les 100 jours, c’est grave, ça se termine à Waterloo, à Sainte-Hélène ? Comment est-il possible qu’il ait mis son allocution sous le signe de ces 100 jours ? C’est délirant », juge la députée insoumise Clémentine Autain sur Public Sénat, tandis que pour son collègue Antoine Léaument, Emmanuel Macron « donne la date de son Waterloo ». « Ça sent plutôt Waterloo à l’Élysée !  », abonde l’insoumis de Loire-Atlantique Matthias Tavel avec un hashtag « Macron va craquer ».

Au Rassemblement national, où Napoléon reste une figure de premier plan, la référence est aussi jugée « étrange ». « Je rappelle que les cent jours ont fini en débâcle », souligne sur France Inter Jean-Philippe Tanguy. Le conseiller spécial de Marine Le Pen Philippe Olivier juge lui la communication présidentielle « calamiteuse ». « Historiquement, la référence des “100 jours” ramène à Waterloo », note-t-il.

Au-delà de l’opposition, l’expression a étonné les spécialistes de la communication politique. « Le choix de la période de 100 jours quand on est accusé de bonapartisme et en pleine crise… », écrit ainsi Philippe Moreau Chevrolet sur Twitter.

Il voit cependant dans ce choix la volonté de marquer un nouveau cycle, après un « faux départ ». Le porte-parole du gouvernement ne la justifie pas autrement : « On est dans une période particulière. On vient de vivre une crise sociale forte (...) Le président de la République dit que nous allons réorganiser notre façon de faire de la politique sur les prochaines semaines, de manière à apporter rapidement des réponses concrètes aux problèmes que rencontrent les Français dans leur quotidien », détaille Olivier Véran sur franceinfo. Cent jours suffiront-ils ?

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