Emmanuel Macron à Marseille pour trois jours, sur fond de tensions avec Benoît Payan, le maire de la ville

Emmanuel Macron et le maire de Marseille, Benoît Payan, le 2 juin 2022. (Photo by Sebastien NOGIER / POOL / AFP)
Emmanuel Macron et le maire de Marseille, Benoît Payan, le 2 juin 2022. (Photo by Sebastien NOGIER / POOL / AFP)

Le chef de l’État promeut l’acte 2 de « Marseille en grand ». Des annonces sont prévues pour la cité phocéenne sur les volets sécuritaire, culturel, pour la santé, les transports et le logement.

POLITIQUE - Un dispositif inédit pour un président de la République en exercice. Ces 26, 27 et 28 juin, Emmanuel Macron se rend à Marseille pour dresser le bilan de son plan « Marseille en grand », lancé en septembre 2021 et annoncer l’acte 2 de ce dispositif massif d’aides et de rénovations pour les écoles, le logement, les transports et la culture.

Cinq milliards d’euros ont été engagés par l’État, auxquels s’ajoutent les investissements des collectivités locales qui mènent à un total de « 15 milliards d’euros » pour Marseille et sa métropole, selon la présidence de la République. En amont de ce déplacement, l’Élysée s’est dit satisfait qu’« au bout de deux ans, 90 % des projets prévus soient engagés ». « On part d’une situation totalement dégradée. On a des résultats, mais on reste modestes car beaucoup reste à faire », a souligné la présidence.

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Dans le détail, 300 policiers supplémentaires et une troisième compagnie de CRS ont pris leurs fonctions, un nouvel hôtel de police et un nouveau commissariat sont en construction pour les 13e et 14e arrondissements. Effectifs en plus aussi côté justice avec 20 magistrats et 10 greffiers qui ont pris leurs fonctions, toujours selon l’Élysée. 120 médiateurs éducateurs sont annoncés également pour la prévention.

« Urgence absolue pour le logement »

Les écoles, enjeu majeur de « Marseille en grand » sont d’ores et déjà en cours de rénovation pour 188 d’entre elles, sur les 470 de la cité phocéenne. Sur l’aspect pédagogique, 20 « microstructures » (10 collèges et 10 lycées) sont en œuvre et 82 écoles ont mis en place l’innovation pédagogique qu’Emmanuel Macron a lancée comme un laboratoire d’une politique publique nationale qui donne plus de marges de manœuvre aux établissements.

46 millions d’euros de l’État ont été affectés au secteur culturel avec notamment une école de la cinéfabrique inaugurée en septembre dernier ; d’autres équipements sont attendus comme des studios de tournage ou un lieu de stockage de décors.

Le montant accordé pour la rénovation des quartiers prioritaires « double » se félicite l’Élysée qui évoque 650 millions d’euros. Le président devrait aller observer les travaux dans le quartier de la Busserine (14e arrondissement) et l’Élysée parle « d’urgence absolue » pour la question du logement, cinq ans après le drame de la rue d’Aubagne.

Côté santé, 639 millions d’euros sont accordés pour la rénovation des bâtiments de l’AP-HM notamment le SAMU et l’hôpital de la Timone. Une maison des femmes ouvrira en janvier 2024 - elle est d’ores et déjà accessible dans des locaux temporaires.

Désenclaver les quartiers Nord

Pour les transports, l’État participe à hauteur d’un milliard d’euros. 15 projets ont été lancés, dont la prolongation d’un tramway et un bus pour relier deux terminus de métro dans le nord de la ville. Objectif affiché par la mairie et l’État : désenclaver les quartiers nord, laissés-pour-compte du réseau de transports. Une vision qui entre en conflit avec celle de la présidente de la métropole, Martine Vassal, qui tient à son projet de tramway des Catalans sur la corniche, les quartiers aisés de la ville.

Avec ces investissements, l’Élysée table déjà sur la création directe de 44.000 emplois - dont 4400 d’insertion grâce à ces crédits étatiques. « La volonté du président de la République est d’aller plus loin et d’accélérer », expliquait l’Élysée à la presse en amont de cette visite. Sans rien dévoiler des annonces qui sont attendues sur place, la présidence assure que l’« objet du déplacement est d’accroître encore l’effort pour les enfants en donnant plus de moyens pour les établissements », de « renforcer les moyens de la police pour lutter contre le trafic et la délinquance du quotidien » et de manière générale « d’améliorer le quotidien des Marseillaises et des Marseillais ».

Très attaché à la ville et supporter de l’OM, Emmanuel Macron a un programme chargé. Il doit visiter la prison des Baumette, l’école primaire de Saint-André, l’hôpital militaire Laveran ou encore se rendre dans une copropriété dégradée, à Bensa dans le 10e, sans oublier un échange à huis clos avec les familles de victimes du trafic de drogue. Emmanuel Macron a aussi prévu de se rendre à la grotte préhistorique Cosquer - ouverte au public en 2022 - et de passer au Mucem dans le cadre du volet culturel de « Marseille en grand ».

Les tensions Macron-Payan vont-elles tout gâcher ?

Les regards seront également tournés vers le duo qu’Emmanuel Macron forme avec Benoît Payan, le maire de la ville avec qui il a toujours affiché publiquement une bonne entente. « Avec tout le fric que Macron lui donne, Benoît ne va pas commencer à lui faire la gueule », indiquait au HuffPost une source politique marseillaise lors d’un précédent déplacement sur place du chef de l’État.

« Cette relation est bonne au sens nous avons un intérêt commun », euphémisait l’Élysée de son côté à quelques jours de la venue présidentielle. Celle-ci a cependant engendré des crispations, comme l’a révélé Le Figaro le 17 juin. La visite de reconnaissance des services élyséens s’est très mal passée, au point de s’être vu refuser l’accès dans l’un des gymnases de la Ville. « On a une relation plutôt saine. On n’est pas d’accord au niveau national, mais on a une affection commune pour cette ville », rassurait Benoît Payan à La Provence, en fin de semaine dernière.

Il attendait toujours que le chef de l’État lève le doute qui subsistait sur la possibilité d’un entretien entre les deux hommes. e programme annoncé finalement ce dimanche mentionne bien « un accueil républicain à l’hôtel de ville » pour commencer la visite. Et peut-être, espère l’Élysée, plus vite évacuer cette bisbille politicienne pour qu’elle ne vienne pas détourner l’attention médiatique des sujets majeurs pour les habitants marseillais.

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