Elnaz Rekabi défie l’Iran sans hijab lors d’une compétition d’escalade

En concourant sans le hijab imposé à toutes les sportives iraniennes depuis l’avènement de la République islamique d’Iran, Elnaz Rekabi a défié le régime, alors qu’une vague de révolte monte depuis le décès de Mahsa Amini.
Capture d’écran IWSports En concourant sans le hijab imposé à toutes les sportives iraniennes depuis l’avènement de la République islamique d’Iran, Elnaz Rekabi a défié le régime, alors qu’une vague de révolte monte depuis le décès de Mahsa Amini.

IRAN - Dans la plupart des pays du monde, sa tenue serait passée inaperçue. Mais dans le contexte actuel, l’Iranienne Elnaz Rekabi fait beaucoup parler d’elle. Et pas seulement pour la quatrième place qu’elle a décroché à Séoul lors des championnats d’Asie d’escalade…

Dimanche 16 octobre, la grimpeuse de 33 ans a effectivement rompu avec une vieille tradition lorsqu’elle s’est présentée pour sa compétition avec un simple bandeau dans les cheveux. Car depuis que l’Iran est devenu République islamique en 1979, aucune sportive du pays n’a normalement le droit de concourir sans hijab.

Mais depuis la mi-septembre, à la suite de la mort de la jeune Mahsa Amini à la suite de son arrestation par la police des mœurs parce qu’elle aurait mal couvert sa chevelure, l’Iran est traversé par un vaste mouvement de contestation. Partout dans le pays, des femmes défient les autorités en brûlant leur hijab ou en sortant délibérément sans se couvrir la tête.

Le hijab, un incontournable du sport iranien

Un mouvement rejoint donc par Elnaz Rekabi, qui suivait jusqu’à présent les règles strictes en vigueur au sein des fédérations sportives iraniennes, même si elle s’autorise à apparaître cheveux détachés et sans voile sur les réseaux sociaux. Un geste historique.

Car au vu des risques pénaux et sportifs encourus, les sportives iraniennes respectent d’ordinaire scrupuleusement les consignes. Que ce soit la tireuse à la carabine Lyda Fariman, première athlète iranienne à participer aux Jeux olympiques après la révolution islamique (c’était en 1996 à Atlanta et elle avait même obtenu une dérogation pour porter le voile lors de la cérémonie d’ouverture où elle était porte-drapeau), ou lorsque les équipes collectives de football ou de volleyball par exemple prennent part à des compétitions, le hijab est incontournable.

Si bien que pour de nombreux observateurs de la situation sur place, il s’agit d’une première historique que de voir une sportive iranienne concourir sans voile.

En 2017, déjà, une jeune joueuse d’échecs, Dorsa Derakhshani, avait été exclue de l’équipe nationale iranienne. En cause : une apparition sans voile survenue au cours d’une compétition à Gibraltar. Autre symbole du poids des islamistes dans le quotidien des Iraniens, au cours de cette même épreuve, le frère de la jeune femme avait également été exclu, coupable lui d’avoir affronté un adversaire israélien, ce qui est normalement interdit pour ne pas accréditer l’existence de l’État hébreu. Depuis 2018, ces deux joueurs d’échecs ont décidé d’intégrer l’équipe nationale anglaise.

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