EELV prépare l’après Julien Bayou, qui pour lui succéder ?

Le parti écologiste s’apprête à changer de secrétaire national et les candidats ne manquent pas. Une chose est sûre : le parti sera dirigé par une femme.

POLITIQUE - Vert(igineux). À un mois du lancement du Congrès d’Europe Écologie les Verts, pas moins de six postulantes sont en lice pour remplacer Julien Bayou, démissionnaire de son poste de secrétaire national. Ils n’étaient que quatre lors du précédent en 2019.

Le Congrès d’Europe Écologie Les Verts se tient dans un contexte compliqué pour le parti, éclaboussé par les accusations de violences psychologiques contre Julien Bayou. Le député de Paris a officiellement quitté son poste mi-septembre, remplacé par une direction collégiale temporaire constituée des deux secrétaires nationaux adjoints Léa Balage El Mariky et Jérémie Crépel.

Le 26 novembre prochain marque donc la première étape de l’après-Bayou chez les écologistes. Six motions, chacune adossée à une liste de candidats, seront départagées par les 12.000 adhérents - la direction espère atteindre les 15.000 d’ici là. Seules celles ayant obtenu plus de 5% des voix pouront accéder à l’étape suivante, avec la possibilité de fusionner entre elles entre temps. Le second rendez-vous est fixé au 10 décembre : ce n’est qu’à cette date que le nouveau patron des Verts sera connu.

« On n’est pas revenus à l’âge punk des écolos »

Contacté par Le HuffPost mardi 25 octobre, Léa Balage El Mariky confirme le nombre de six listes après d’ultimes vérifications, et non sept comme annoncée dans un premier temps. Six, c’est-à-dire deux de plus qu’en 2019, lors du dernier congrès. Preuve de l’éclatement de la machine écolo ? La secrétaire nationale adjointe ne se dit pas « surprise » par la diversité des offres qu’elle explique par les différences de ligne et des priorités de chacun.

Pour autant, cela ne signifie pas « qu’on est revenus à l’âge punk des écolos », avait-elle déclaré à l’AFP quelques jours plus tôt. « Ce serait mentir de dire qu’il n’y a pas de problèmes d’ego, mais pas tant que ça », assurait-elle. L’élection des nouveaux dirigeants va se jouer sur « le rapport aux territoires, le rapport à la NUPES et la refondation du parti », estime Léa Balage El-Mariky. Petit tour d’horizons des candidatures, exclusivement féminines.

Marine Tondelier, dans le sillage de Bayou

Marine Tondelier, ancienne porte-parole de Yannick Jadot pendant la présidentielle, appelle à « tirer les leçons » de cet échec en refondant le parti.
FRANCOIS LO PRESTI / AFP Marine Tondelier, ancienne porte-parole de Yannick Jadot pendant la présidentielle, appelle à « tirer les leçons » de cet échec en refondant le parti.

Marine Tondelier, conseillère municipale d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), est sans doute la candidate la plus identifiée du grand public à ce jour. Sa liste, soutenue par l’ancien secrétaire national Julien Bayou, plusieurs maires dont celui de Grenoble Éric Piolle, et Léa Balage El Mariky, fait partie des favorites. Sa motion « La Suite » ambitionne de « refonder » le parti, à propos duquel elle se dit « bienveillante mais aussi lucide sur nos forces et nos faiblesses », confiait-elle au HuffPost dans un entretien avant les Journées d’été en août.

Quelles faiblesses ? Dans une lettre transmise le 10 octobre aux militants pour officialiser sa candidature, Marine Tondelier cite prinicipalement l’« individualisme », « la recherche de la petite phrase ou de la polémique qui permet à une personne de passer le mur du son… pendant que le collectif va dans le mur tout court. » Pour les non-initiés aux bisbilles internes d’EELV, sa cible s’appelle Sandrine Rousseau et indirectement, la liste soutenue par cette dernière.

Mélissa Camara, Rousseauiste

Mélissa Camara, porteuse de la motion « Terre » au Congrès EELV
Capture d’écran, La Terre nos luttes Mélissa Camara, porteuse de la motion « Terre » au Congrès EELV

Mélissa Camara est conseillère municipale à Lille. Peu connue du grand public, elle peut cependant compter sur l’appui de la députée la plus identifiée (et la plus clivante) des écologistes : l’éco-féministe Sandrine Rousseau. Parmi ses soutiens, on peut aussi citer le porte-parole Alain Coulombel, représentant d’une partie de l’aile gauche d’EELV et la conseillère de Paris Raphaëlle Rémy-Leleu.

Sa motion « La Terre, nos luttes » s’articule autour de trois grands axes : la radicalité, la place d’EELV au sein de la NUPES et l’écologie sociale. « Mélissa Camara fait un travail de terrain important pour mobiliser ceux qui ne votent pas généralement au congrès », défend Sandrine Rousseau, auprès du HuffPost, interrogée sur la faible popularité de sa candidate. Bien qu’elle soit moins identifiée, Mélissa Camara est considérée comme l’adversaire principale de Marine Tondelier. « Le congrès est loin d’être joué », pronostiquait Sandrine Rousseau mi-octobre. 

Sophie Bussière, soutenue par Jadot

Sophie Bussière, candidte pour la liste Nouvell Dynamique Ecologiste
Sophie Bussière, candidte pour la liste Nouvell Dynamique Ecologiste

Avocate de formation, Sophie Bussière est conseillère régionale en Nouvelle-Aquitaine. En fin d’année, elle portera les couleurs de la motion « Printemps écologiste ». Sa ligne se veut centrale - loin des radicalités et de la décroissance. Quant à la NUPES, Sophie Bussière garde une certaine distance « On est ni idolâtres ni totalement hostiles. On considère que c’est selon les besoins et les réalités », précisait Sandra Regol, l’une de ses soutiens vice-présidente du groupe écolo à l’Assemblée dans Libération, le 21 octobre.

Les députés Éva Sas et Aurélien Taché, le secrétaire national adjoint Jérémie Crépel et l’eurodéputé Mounir Satouri la soutiennent aussi. Sans oublier, l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot qui se tient d’ordinaire à bonne distance des congrès.

Hélène Hardy, « la décroissance juste »

Hélène Hardy, en juin 2017
DENIS CHARLET / AFP Hélène Hardy, en juin 2017

Hélène Hardy représente une autre partie de l’aile gauche du parti. Sa liste « L’Arche » prône une écologie « de l’ouverture et du rassemblement », avec une « décroissance juste » qui « ne soit pas synonyme de baisse du niveau de vie ». Sa définition de la NUPES ? « Un cadre d’échange et de réflexion qui respecte l’autonomie de ses composantes ». Traduction : Hélène Hardy veut une liste écologiste aux élections européennes, et prend ainsi position dans un débat qui s’annonce musclé d’ici le printemps 2024. Pour l’épauler, elle peut compter sur l’eurodéputée Karima Delli ou encore la maire adjointe à la santé de Paris, Anne Souyris.

Claire Desmares-Poirrier, les «territoires » en priorité

Claire Desmares-Poirrier, candidate pour la motion « Ce qui nous lie »
Claire Desmares-Poirrier, candidate pour la motion « Ce qui nous lie »

L’ancienne candidate aux régionales en Bretagne Claire Desmares-Poirrier présente « Ce qui nous lie ». Elle défend une décroissance « radicale et juste », des territoires « au centre » des décisions et un « parti de gouvernement qui rassemble ». La NUPES n’apparaît nulle part dans sa motion. Elle prend d’ailleurs position sur certains des points clivants de l’alliace des gauches. Par exemple, « le renforcement de l’Europe dans les relations internationales », qu’elle défend. Elle est notamment soutenue par David Belliard, maire adjoint Paris.

Géraldine Boyer, « Rébellion construction »

La membre du bureau exécutif Géraldine Boyer mène la liste « Rébellion construction », une motion ardemment pro-NUPES qui souhaite « faire vivre » l’alliance des gauches, présentée comme « un puissant espoir de résistance ». Elle plaide pour retrouver « la radicalité et la sobriété du projet écologiste » et aborde aussi bien l’éco-féminisme que la défense des territoires.

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