Droits LGBT : Giorgia Meloni accélère sa croisade contre les familles homoparentales en Italie

Près d’un an après son arrivée au pouvoir en Italie, l’extrême droite entre dans le vif du sujet pour remettre en cause les droits des personnes LGBT+ (Giorgia Meloni en juin 2023 à Rome)
Près d’un an après son arrivée au pouvoir en Italie, l’extrême droite entre dans le vif du sujet pour remettre en cause les droits des personnes LGBT+ (Giorgia Meloni en juin 2023 à Rome)

LGBT+ - Près d’un an après son arrivée au pouvoir en Italie, l’extrême droite entre dans le vif du sujet de son projet visant à remettre en cause les droits des personnes LGBT+. Et c’est sur la question des familles homoparentales que l’offensive du gouvernement de Giorgia Meloni – qui n’a jamais caché ses positions ouvertement homophobes – est aujourd’hui la plus frappante.

Quelque 300 femmes ont participé, ce vendredi 23 juin, à un sit-in devant le tribunal de Padoue après que le parquet a, en début de semaine, demandé au tribunal civil de modifier les actes de naissance de 33 enfants nés d’une PMA à l’étranger. Des enfants qui étaient reconnus à l’état civil de la ville depuis 2017 comme ceux de deux mères. En demandant de « retirer leur mère non biologique » de leur acte de naissance, le parquet crée 33 « orphelins d’État », a dénoncé sur Twitter la députée de gauche Rachele Scarpa, dans un concert d’indignation venu des opposants politiques au gouvernement et des associations de défense des droits LGBT+.

« Nous ne pouvons pas croire à une coïncidence si, après des années de silence, le parquet de Padoue a décidé de ne contester qu’aujourd’hui la transcription des actes de naissance de ces enfants », a réagi Gabriele Piazzoni, secrétaire général de l’Arcigay, principale association LGBT transalpine, sous-entendant une intervention éminemment politique.

« Voici ce que produit l’homophobie d’État »

Et il n’est pas le seul à faire le lien avec l’exécutif. « Voici ce que produit l’homophobie d’État de ce gouvernement et d’un ministre [de l’Intérieur] comme [Matteo] Piantedosi, qui passe par-dessus les corps et les sentiments des enfants et de leurs familles pour imposer un modèle familial unique », a dénoncé dans une note citée par le quotidien Il Manifesto l’ancienne ministre de centre gauche Emma Bonino.

De fait, la procédure lancée par le parquet de Padoue intervient quelques mois après une circulaire du ministère de l’Intérieur qui avait demandé aux maires – qui, en Italie, disposent d’une certaine marge de manœuvre faute de législation nationale en la matière – de ne pas transcrire les actes de naissance des enfants nés de PMA ou de GPA à l’étranger.

D’ailleurs, l’initiative du parquet de Padoue n’est pas isolée : le tribunal civil de Milan a partiellement annulé, ce vendredi 23 juin, la transcription de l’acte de naissance d’un enfant né par GPA à l’étranger. Là encore, la demande émanait du parquet local, suivi par les juges qui se sont appuyées sur une jurisprudence récente de la Cour de cassation pour justifier leur décision. Les couples d’hommes ayant recours à une GPA devront se plier à la procédure – longue et complexe – des « cas particuliers » d’adoption.

La GPA « délit universel » ?

Lueur d’espoir pour les mères lesbiennes, les juges milanais ont refusé de se prononcer immédiatement sur le cas de trois enfants dont l’acte de naissance mentionne deux mères. Le tribunal de Milan confirme que la filiation d’un enfant « ne peut pas être effacée d’un trait de plume comme le prétend le gouvernement », a salué l’avocat des trois couples de femmes Michele Giarratano. Et d’ajouter : « Je suis sûr que le tribunal de Padoue confirmera également cette voie et que les 33 recours illégalement présentés par la procureure seront rejetés. »

Mais la croisade de l’exécutif d’extrême droite contre les familles « arc-en-ciel », comme on les appelle en Italie, n’en est qu’à ses débuts. Les députés ont commencé à examiner ce lundi 19 lui une proposition de loi visant à poursuivre les Italiens qui ont recours à la GPA dans les pays où elle est légale. Les couples qui commettraient ce « délit universel » encourraient jusqu’à deux ans de prison et un million d’euros d’amende.

« La maternité n’est pas à vendre, les utérus ne se louent pas et les enfants ne sont pas des produits en vente libre », avait insisté Giorgia Meloni en mai dernier, lors d’« états généraux de la natalité » organisés à Rome. Pour l’ancienne présidente de gauche de la chambre des députés Laura Boldrini, dans l’Italie de Giorgia Meloni, « les lois sont de la pure propagande ».

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