Donald Trump, inculpé, s’en prend à la justice américaine dans des discours apocalyptiques

ÉTATS-UNIS - Donald Trump furieux. L’ancien président des États-Unis a fustigé dans deux discours très violents samedi 10 juin le système judiciaire américain, selon lui « corrompu ». C’était sa première prise de parole publique depuis son inculpation la veille par la justice fédérale, inédite pour un ex-président américain et dont les conséquences sur la primaire républicaine pour 2024 sont incertaines.

Donald Trump, qui répète qu’il est victime d’une cabale politique, a participé samedi à deux conventions républicaines dans le sud-est des États-Unis, d’abord en Géorgie puis en Caroline du Nord, s’emportant contre ce qu’il a qualifié d’attaque judiciaire injuste à son encontre. « Vous avez affaire à des fous furieux », a déclaré l’ancien président à Greensboro, en Caroline du Nord.

« L’inculpation sans fondement dont je fais l’objet par le ministère instrumentalisé de l’injustice du gouvernement Biden figurera parmi les abus de pouvoir les plus terribles de l’histoire de notre pays », a-t-il lancé.

« Chasse aux sorcières »

Plus tôt, à Colombus, en Géorgie, Donald Trump avait déclaré à la foule être la cible de poursuites en raison de sa candidature à un deuxième mandat à la Maison Blanche. « C’est pour cela qu’ils le font, si je ne l’étais pas (candidat à un nouveau mandat présidentiel, NDLR), il n’y aurait pas de chasse aux sorcières, il n’y aurait pas d’inculpation », a-t-il soutenu face à ses soutiens.

« Soit les communistes gagnent et détruisent l’Amérique, soit nous détruisons les communistes », a-t-il encore déclaré selon des propos rapportés par le New York Times et le Guardian, critiquant les « mondialistes », les « fascistes et voyous », les « va t’en guerre » du gouvernement et « la classe politique malade qui déteste notre pays ».

Donald Trump lors de la convention du parti républicain en Géorgie, le 11 juin 2023.
Donald Trump lors de la convention du parti républicain en Géorgie, le 11 juin 2023.

Selon lui, le département de « l’Injustice » est « un nid de gens malades qui doit être nettoyé immédiatement ». Il a qualifié l’avocat spécial qui l’a inculpé, Jack Smith, de « dérangé », et a surnommé la procureur du district de Fulton County Fani Willis de « marxiste lunatique ». « Ils sont corrompus. Ils ne doivent pas être récompensés. Ils doivent être battus. Vous devez les battre », a-t-il ajouté.

Des discours aux accents complotistes

Entre ces propos aux accents complotistes, le milliardaire a fait un peu d’humour, déclarant : « À chaque fois que je vole au-dessus d’un État bleu (acquis aux démocrates, NDLR), je suis inculpé (...). J’ai tout donné et je ne me rendrai jamais. Je n’irai jamais en prison. Je n’arrêterai jamais de me battre pour vous. » Et d’ajouter : « En fait, ils ne sont pas après moi, ils sont après vous et je suis juste sur leur chemin. »

Les deux meetings ont eu lieu trois jours seulement avant sa comparution devant un tribunal fédéral à Miami. Il est accusé d’avoir mis en danger la sécurité nationale des États-Unis en conservant des documents confidentiels, y compris des secrets militaires et nucléaires, à son départ de la Maison Blanche.

L’acte d’inculpation, rendu public vendredi, comporte 37 chefs d’accusation, pour avoir, lorsqu’il a quitté la Maison Blanche, emporté des milliers de documents dont certains confidentiels alors qu’il aurait dû les confier aux Archives nationales, et pour avoir ensuite refusé d’en restituer la majeure partie en dépit des relances du FBI. Parmi ces chefs d’accusation : « rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale », « entrave à la justice » et « faux témoignage ».

Ron DeSantis défend Donald Trump

Cette inculpation, la deuxième en deux mois après une première par la justice de l’État de New York en avril pour fraudes comptables, pave le chemin pour une présidentielle 2024 à nulle autre pareille, où le ministère de la Justice du président démocrate sortant poursuit le favori de la primaire républicaine.

« Ils m’attaquent car nous sommes à nouveau devant Biden dans les sondages, de beaucoup. C’est comme ils faisaient dans la Russie de Staline ou dans la Chine communiste », a assuré Donald Trump, en dépit du fait que les enquêtes d’opinion ne démontrent pas d’avantage clair à ce stade.

« La seule bonne chose à propos de cette inculpation, c’est que j’ai pu monter encore plus dans les sondages », a-t-il d’ailleurs raillé devant sa foule de supporters.

Le camp républicain a jusqu’ici globalement resserré les rangs autour de Donald Trump. Le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, dont la relation avec le tumultueux milliardaire n’a pas toujours été au beau fixe, a estimé que l’inculpation de l’ancien président marquait un « jour sombre » pour les États-Unis.

Et le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, son principal adversaire pour l’investiture républicaine, s’est joint aux dénonciations d’un ministère de la Justice supposément « instrumentalisé ».

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