Doctolib : Pourquoi la mission contre les dérives sectaires s’intéresse aux naturopathes

This illustration photograph taken in Paris on July 13, 2021, shows the 'Doctolib' application opening on the screen of a smartphone. - A record number of French people have booked appointments for Covid-19 vaccinations after President Emmanuel Macron on July 12, announced restrictions on the unvaccinated, including mandatory tests to enter restaurants. (Photo by Olivier MORIN / AFP)

OLIVIER MORIN / AFP

Sur Doctolib, pourquoi la mission contre les dérives sectaires s’intéresse aux naturopathes

SANTÉ - La chasse aux dérives sectaires et thérapeutiques est lancée sur Doctolib. Le poids lourd français de la prise de rendez-vous médicaux en ligne a suspendu ce lundi 22 août 17 profils et engagé « un travail de fond », après des critiques virulentes visant la présence sur la plateforme de naturopathes, une discipline sans fondement médical.

« Nous avons suspendu immédiatement la prise de rendez-vous pour 17 profils », a indiqué à l’AFP Doctolib, qui « engage un travail de fond » avec le comité médical du site, les ordres et les professionnels de santé. « Des mesures vont être prises prochainement. Plusieurs options sont sur la table, nous n’excluons rien », ajoute la plateforme.

Doctolib référence en effet des professions de santé réglementées — médecins, sages-femmes, dentistes, infirmiers… —, des praticiens détenteurs d’un diplôme reconnu par l’État — psychologues et ostéopathes —, mais permet aussi de prendre rendez-vous auprès de sophrologues, d’hypnothérapeutes ou encore de naturopathes. Des professions aux pratiques sans réglementation, mais légales. Ces professionnels représentent 3 % des inscrits sur la plate-forme.

Le HuffPost vous explique pourquoi ces professions sont aujourd’hui ciblées par la Miviludes (Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires).

Des pratiques dangereuses, proches du charlatanisme

Ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, des professionnels de santé et des patients ont reproché au groupe Doctolib de permettre à ses utilisateurs de prendre rendez-vous chez des naturopathes, dont certains ont des pratiques dangereuses, proches du charlatanisme, et à dérives sectaires.

La naturopathie est une pratique qui revendique de maintenir l’organisme en bonne santé grâce à un ensemble de méthodes « naturelles », mais qui n’ont aucun fondement avéré sur le plan scientifique ou médical. Les critiques de Doctolib ont notamment visé des naturopathes se réclamant de Thierry Casasnovas et d’Irène Grosjean, deux personnalités influentes dans le milieu naturopathe mais aux positions discréditées dans le monde de la santé. Irène Grosjean est notamment accusée de promouvoir des agressions sexuelles pour soigner les enfants en bas âge.

Ce lundi 22 août, Christian Gravel, secrétaire général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, service du ministère de l’Intérieur qui chapeaute la Mivilides, a proposé à Doctolib de participer à une « réunion de travail » à Doctolib afin d’évoquer la question des dérives sectaires et/ou thérapeutiques. Un dossier suivi notamment par Sonia Backès, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté.

Une invitation à laquelle Doctolib a répondu favorablement, affirmant se « tenir à l’entière disposition » de la Miviludes pour « poursuivre ensemble le travail amorcé sur ce sujet que nous prenons très au sérieux ».

Essor des dérives sectaires pendant la crise du Covid

Ce phénomène des dérives thérapeutiques et des dérives sectaires en lien avec la santé s’est notamment accentué lors de la crise du Covid, selon une enquête remise en 2021 à la ministre déléguée à la citoyenneté de l’époque, Marlène Schiappa.

« Vous avez de nouveaux gourous qui se servent de la pandémie pour prêcher des mesures soi-disant de bien-être, mais qui sont des mesures de sujétion psychologique, voire de captation d’argent ou de biens », avait-elle dénoncé sur Franceinfo. Elle estimait alors que « plus de 500 nouveaux petits groupes sectaires ont proliféré à la faveur du confinement ».

« Il est possible de constater une prolifération des signalements dans le domaine de la santé et du bien-être », expliquaient les experts dans leur rapport, qui pointaient « les effets déviants de certaines pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique et les agissements de certains ’pseudo-thérapeutes’. Parmi eux, d’anciens adeptes appartenant à des mouvements [sectaires] en perte de vitesse ont une parfaite connaissance des mécanismes psychologiques permettant d’atteindre les personnes ciblées. »

Ces « nouveaux praticiens » proposent « tout un panel de protocoles allant du bien-être psychique au complément (voire au remplacement) des méthodes conventionnelles de soins pour des pathologies parfois lourdes. Ce phénomène s’accentue, tant la demande est forte, et il est aujourd’hui aisé d’ouvrir un cabinet de médecine holistique, spirituelle, alternative », soulignaient les auteurs du rapport. « Beaucoup de cas signalés relèvent du charlatanisme, de l’exercice illégal de la médecine ou encore de l’escroquerie. »

À voir également sur Le HuffPost : Finalement, le ministre de la Santé reconnaît que des urgences sont bien fermées

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